Les services de renseignement pakistanais (ISI) fourniraient des fonds, un entraînement et une protection aux talibans en Afghanistan, selon une étude publiée par la London School of Economics hier. Cette étude, basée sur des entretiens avec neuf commandants talibans réalisés en Afghanistan au début de l'année, indique avoir les éléments les plus probants à ce jour démontrant une étroite collaboration entre l'ISI et les insurgés. «Même si (les taliban) bénéficient d'un fort soutien interne, selon les commandants taliban, l'ISI orchestre, soutient et influence énormément le mouvement», écrit l'auteur du rapport, Matt Waldman, un chercheur de l'université de Harvard (Etats-Unis). Les responsables taliban «disent que (l'ISI) offre une protection à la fois aux taliban et au réseau Haqqani (aile radicale des taliban afghans, ndlr) et fournit un important soutien en termes d'entraînement, de munitions et d'alimentation et autres nécessités», poursuit-il. Certains des taliban interviewés ont indiqué que des membres de l'ISI ont assisté, en tant que participants ou observateurs, à des rencontres avec le conseil suprême des taliban (la Choura de Quetta), selon le rapport. Le président pakistanais, Asif Ali Zardari, lui-même, aurait assuré à des responsables taliban emprisonnés qu'ils étaient «des siens» et pouvaient compter sur son soutien, selon ces sources. Il aurait apparemment autorisé la libération de ces responsables, indique l'étude. Cette étude conclut que, sans un changement significatif dans l'approche des autorités pakistanaises, il sera impossible, aussi bien pour le gouvernement afghan que pour les forces de l'Otan de mettre fin à l'insurrection en Afghanistan. «L'engagement apparent du Pakistan dans un double-jeu à cette échelle pourrait avoir des implications géopolitiques majeures et pourrait même provoquer des contre-mesures de la part des Etats-Unis», souligne l'auteur. Cependant, tout progrès contre les insurgés en Afghanistan nécessitant le soutien de l'armée pakistanaise et de l'ISI, «la seule façon de s'assurer d'une telle coopération est de pren-dre en considération les causes fondamentales de l'insécurité du Pakistan, notamment son conflit latent et persistant avec l'Inde», souligne-t-il. Cette étude a provoqué un ferme démenti de la part de l'armée pakistanaise. «Cela fait partie d'une campagne malveillante visant l'armée pakistanaise et l'ISI» a indiqué le porte-parole de l'armée Athar Abbas. «Tout cela est sans fondement. Les sacrifices de l'armée pakistanaise et de l'ISI et les victimes de la guerre contre le terrorisme parlent d'elles-mêmes». «Nous avons plusieurs questions sur la crédibilité du rapport», a-t-il ajouté.