Pas un jour ne passe, dans cette campagne, sans que la presse nous livre de quoi patienter jusqu'au 10 octobre. Ciblant la Kabylie avec tous leurs moyens, certains titres vont jusqu'à rapporter des «événements» qui n'ont existé que dans leur imagination. Dans quel but? Si ce n'est pour maintenir le foyer de mésentente incandescent dans cette région, on se demande bien pourquoi ! Bref, la campagne se porte bien malgré l'usure précoce de certains partis que les législatives du 30 mai dernier, il est vrai, avaient malheureusement ébranlés jusqu'aux abysses. Je parle ici du parti de Nahnah qui n'est plus, c'est un fait, leader des «partis islamistes modérés» et des autres petits partis dont l'échec annoncé relève beaucoup plus de leur insuffisante implantation dans la société civile que de l'incapacité de leurs orateurs respectifs à convaincre le citoyen algérien de voter pour eux. Par conséquent, restent en course deux formations qui ont toutes les chances de rafler la mise, mais des proportions inégales l'une par rapport à l'autre. Ce qui créditerait le FLN de la part léonine aux locales, le reste allant au RND, au parti El-Islah et aux indépendants, le parti de Nahnah n'étant pas sûr, cette fois, de pouvoir compter des bulletins victorieux le soir du dépouillement. Bref, à moins de 15 jours de la fin de la campagne, on voit émerger surtout un grand parti, le FLN, juste retour des choses et un autre, El-Islah, qui se maintient, bon an mal an, à flot grâce à son chef Djaballah qui, mieux que le vénérable Nahnah, a su conserver une certaine cohérence dans son discours. C'est du moins ce qu'en pensent les observateurs qui persistent et signent en affirmant que si El-Islah a été retenu par la mémoire collective dans certaines régions du pays, alors que le parti de Nahnah souffre de sa perte de consistance comme d'une peau de chagrin, c'est parce que toute la mouvance islamiste a été frappée de plein fouet par le réveil de conscience collective du peuple algérien. Autrement dit, le temps où l'Algérien déstabilisé souffrait de ce que son pays avait sacrifié toutes ses énergies à ramer pour se libérer du piège béant qui lui avait été tendu par les bailleurs de fonds étrangers et leurs complices à l'intérieur du pays, de la mouvance islamiste, ce temps-là a régressé et plus rapidement qu'on ne le croit. Accusé injustement d'avoir arrimé l'Algérie à «l'Occident athée» pour justifier leur entrée en guerre contre le peuple algérien et atteindre le chiffre insoutenable de plus de 1000 morts, le but poursuivi par les islamistes était simple, mais tout aussi redoutable : transformer l'Algérie en terre d'apocalypse et faire en sorte que ses 30 millions d'habitants trépassent sous le glaive de Lucifer ou se dispersent à travers le monde et ne plus espérer y revenir un jour. Quel a été le jeu des partis religieux même lorsqu'affiliés au pouvoir par le truchement du système de la coalition gouvernementale, se déclaraient, ici et là, victimes de l'incompréhension en particulier de la part de la presse francophone? Rien, à vrai dire, qui aurait pu redonner de l'espoir aux populations algériennes sinon qu'ils n'ont pas cessé, un seul instant depuis la consécration du pluralisme politique dans notre pays, à jeter de l'huile sur le feu en s'interdisant de porter un quelconque jugement sur les actes sanguinaires perpétrés contre le peuple algérien des groupes armés du GIA et autres Gspc. A supposer que les groupes de tueurs intégristes aient vaincu, quelle aurait été l'attitude des partis dits religieux que l'Etat n'a quand-même pas hésité à engraisser pour les empêcher de trop s'impliquer dans l'abattage systématique des Algériens durant la période «faste pour le crime impuni» des années 90? Eh bien, sans hésiter, nous affirmons qu'ils auraient sans scrupule rejoint les rangs des «vainqueurs» en attendant qu'une entreprise hypothétique de purification soit déclenchée pour leur intimer l'ordre de rendre gorge de leur collaboration momentanée avec le pouvoir. Aujourd'hui, si le recul de l'intégrisme en Algérie n'est plus virtuel, c'est parce que, qu'on le veuille ou non, la politique de relance économique a été replacée sur les rails pour être sûre d'exaucer les espoirs mis en elle par les Algériens. D'ailleurs, même les intégristes de l'ex-FIS ont compris que le temps où le pouvoir était à leur portée est bel et bien révolu et que c'est la même raison qui pousse le secrétaire général du FLN, Ali Benflis, à parler de «réconciliation nationale» dans ses discours pour clarifier le débat sur ce point particulier. En effet, rejetant tout langage pouvant altérer sa pensée, il a souvent mis les pendules à l'heure en rappelant, à propos de la réconciliation nationale, qu'il faut être vigilant et ne pas croire que les points de vue des uns et des autres sont identiques sur cette question. Car sur ce point, dit-il, la position du FLN est claire et elle ne saurait être confondue avec celle que prônent à l'étranger les représentants des égorgeurs de tout poil. S'il devait y avoir une réconciliation nationale, c'est au sein de la majorité des Algériens qu'aucun tribunal n'a accusé de crimes intégristes qu'elle pourrait avoir lieu. Pourquoi? Tout bonnement parce que depuis plus de 10 ans, la redistribution des revenus n'a pas eu d'effets sur eux et qu'à cause d'une conjoncture économique peu performante des ruptures sociales ont été enregistrées confinant la majorité des habitants dans une paupérisation insupportable et une minorité de «malins» à jouir d'une opulence souvent imméritée. C'est cette dernière réconciliation que le FLN soutient à condition qu'une meilleure politique de redistribution des revenus soit mise en oeuvre au plutôt... Redistribution des revenus, mais aussi l'habitat, l'emploi, etc. Enfin, tout ce qui concourt objectivement à l'extension du bien-être de toutes les couches de la société.