El Djeich s'élève contre toute initiative qui risque de se traduire par des conséquences fâcheuses au plan régional et international. Le sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie qui se déroule à Montreux, en Suisse, et les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Union européenne qui se réuniront demain à Luxembourg proposent leur aide aux pays du Sahel confrontés au terrorisme d'Al Qaîda au Maghreb. La formation des forces de sécurité locales est le souci des ministres des Affaires étrangères en question. Pour l'aide des pays de la Francophonie, le Premier ministre nigérien, Mahamadou Danda, propose qu'elle soit axée sur le renseignement sans exclure celle comportant des moyens spécifiques, sans préciser lesquels. Une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus depuis hier pour débattre ce thème puisque le sommet est consacré, entre autres, à cette question de la sécurité au Sahel. La raison en est que des Occidentaux sont régulièrement kidnappés. Sept otages, cinq Français, un Togolais et un Malgache, ont été enlevés à la mi-septembre au Niger par la branche maghrébine d'Al Qaîda et sont aux mains de leurs ravisseurs dans le Sahel. Malgré ce fait, l'UE ne propose son aide pour «stabiliser la région» qu'au Niger, à la Mauritanie et au Mali. L'Algérie n'est pas mentionnée dans cette offre. Et il ne serait pas étonnant que cela puisse l'être à sa demande car elle a toujours cherché à garder son autonomie d'action et à limiter sa coopération avec les pays limitrophes sans trop s'engager avec les Européens ou les Américains. Cette politique est encore expliquée dans le dernier numéro d'El Djeich, revue de l'ANP. Dans son éditorial, il est rapporté que «les seules déclarations d'intention et autres voeux pieux ne suffisent plus à éradiquer ce fléau déstabilisateur (le terrorisme) qui, s'il venait à se perpétuer dans le temps, pourrait constituer un autre motif pour l'expression de politiques de puissance aux desseins inavoués et ouvrir ainsi la voie à des ingérences qui n'ont pas lieu d'être». Le mot est lâché puisque c'est de prétention d'ingérence qu'il s'agit. Cette position n'a pas cessé d'être réaffirmée par les instances politiques de l'Etat et les autorités militaires. C'est le cas du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et de Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP. Ce dernier l'a dit à ses homologues du Sahel chaque fois qu'il les a rencontrés à Alger ou à Tamanrasset. Malgré ces positions, l'Algérie ne veut pas faire du Sahel sa chasse gardée, comme l'accusent certains partenaires africains et européens. El Djeich précise que les Etats sahélo-sahariens, fragilisés par les effets de la crise financière mondiale, ne demandent qu'à assumer leurs responsabilités «pleines et entières tout en souhaitant légitimement recevoir de la part de la communauté internationale, et en premier lieu, de l'organisation universelle en charge des questions de sécurité dans le monde, l'aide nécessaire à même de permettre le renforcement des actions menées au quotidien par leurs propres forces de sécurité». El Djeich avertit. «Dans ce domaine aussi sensible que complexe, notre pays recommande plus de discernement et de responsabilité, étant entendu que toute initiative qui ne cadre pas avec les règles établies et les engagements pris, risque de se traduire par des conséquences fâcheuses tant au plan régional qu'international», est-il poursuivi. Malgré cette mise en garde, l'ANP prend acte du fait que «les questions sécuritaires figurent en bonne place dans tous les agendas des grands rendez-vous internationaux, en cette fin de l'année 2010». Mais il est rappelé que l'Algérie a prévenu «contre toute dérive quant au traitement de ce dossier qui ne saurait s'accommoder d'amalgames, d'approches irresponsables, de traitements sélectifs, voire de recherche de gains politiques ou stratégiques de courte vue». L'Algérie souhaite une coopération interétatique «féconde et loyale» en incluant l'échange d'informations. La sécurisation des frontières passe par une coopération opérationnelle entre les forces de sécurité des différents pays de la région sans omettre la prohibition de versement des rançons «par certains Etats au motif de libérer leurs otages». «Dans cette dynamique d'ensemble, la démarche algérienne a toujours privilégié la mise en oeuvre d'une action concrète, concertée et responsable de la part de tous les acteurs de la sous-région, sans distinction aucune», est-il mentionné.