Le rituel est devenu une litanie chez nos voisins de l´Ouest où chaque année le souverain alaouite, depuis son intronisation le 30 juillet 1999, évoque la réouverture des frontières avec l´Algérie, passant sous silence les raisons fondamentales qui maintiennent les bornes entre nos deux pays fermées. Nos «frères» marocains continuent ainsi de focaliser sur des frontières qui les rendent malades et leurs yeux en permanence fixés sur l´Est de leur pays. Un Est d´où, à leur grand dépit, il n´y a rien de nouveau. Et pour cause! Il ne pouvait rien y avoir de nouveau dans la mesure où les choses ont très peu évolué depuis 1994, date de la fermeture de notre frontière ouest. A Rabat, s´est-on seulement posé la question de savoir le pourquoi de cette fermeture provoquée par les autorités marocaines elles-mêmes? Bien sûr que l´Algérie est pour la pérennisation de relations fraternelles et fécondes avec le Royaume chérifien, mais certainement pas à n´importe quel prix. Si ces frontières sont bouclées et sont demeurées closes depuis quinze longues années, créant des inconvénients, du moins pour les Marocains c´est qu´il y a un problème. Et s´il y a problème, il faut lui trouver une solution, dénouement qui soit définitif de préférence afin d´apurer une fois pour toutes le contentieux algéro-marocain. C´est ce que demande Alger depuis que le dossier frontalier a été ouvert. Cela ne rime à rien en effet de rouvrir les frontières entre nos deux pays en laissant en suspens des dossiers qui ont emprisonné et continuent d´empoisonner les relations entre Alger et Rabat. La question des frontières, fermées depuis août 1994, est précisément l´une des retombées de la volonté du Maroc de faire plier l´Algérie à ses desiderata sur le dossier sahraoui. Les représailles contre les citoyens algériens résidant au Maroc, victimes d´une chasse à l´homme après l´attentat contre l´hôtel Asni à Marrakech et les accusations infondées contre les services algériens d´être derrière cet acte terroriste sont autant de faits provoqués par Rabat qui annihila par ailleurs tous les efforts de mise sur pied des instances de l´UMA. Du fait des torts faits à l´Algérie et aux Algériens et des retombées négatives sur notre pays qu´ont été les accusations du Maroc, Alger demanda des excuses officielles à Rabat, excuses qui ne sont jamais venues. Depuis, les choses sont restées en stand-by sans que rien de nouveau n´intervienne, permettant à l´Algérie et au Maroc de revenir à des relations plus policées et plus en phase avec les intérêts des deux pays. En fait, cela ne tient qu´à Rabat de faire le geste qu´attend Alger depuis une quinzaine d´années: la remise à plat de tout ce qui pourrait ou a pu être ambigu dans les relations entre les deux pays pour repartir sur des rapports plus vigoureux et assainis. Aussi, ne nous payons pas de mots. L´Algérie, qui ne souffre pas de la fermeture des frontières de l´Ouest, reste toutefois, disposée à leur réouverture immédiate. Mais encore faut-il que Rabat sache ce qu´il veut et fasse montre de moins d´arrogance et de plus d´humilité puisque le Maroc a beaucoup à y gagner. L´intimidation ne marche pas et ne peut marcher avec l´Algérie et les frontières ne seront rouvertes que dans la clarté et l´assainissement des contentieux encore pendants entre nos deux pays. Notre pays, a, au contraire, tout à perdre dans une réouverture précipitée alors qu´il est inondé à ses frontières Ouest par les produits des narcotrafiquants marocains. En tout état de cause, Rabat n´a pas choisi la bonne méthode pour faire rouvrir nos frontière communes car cette réouverture ne peut se faire par les discours, comme on tend à le croire du côté du Palais royal, ni par la pression d´où qu´elle vienne.