L´affaire n´en a pas l´air mais elle intéresse au plus haut point les Algériens. Les relations franco-mexicaines ont avancé, hier, d´un cran vers la rupture. La cause? Une Française, Florence Cassez, condamnée par la justice mexicaine à 60 ans de prison. Elle est impliquée dans 4 kidnappings opérés par la bande «los zodiacos» spécialisée dans les enlèvements contre rançon et les trafics de drogue. C´est le compagnon de Florence, Israël Vallarta, qui est le chef de cette bande. Nous n´allons pas entrer dans les détails du dossier mais il faut savoir que la Française a été formellement reconnue par ses trois dernières victimes (un couple et leur enfant de 10 ans). L´accusée a épuisé toutes les voies de recours, sa condamnation est donc définitive. L´ambassadeur du Mexique en France a révélé, hier, au cours d´un point de presse, qu´une convention de transfert de l´accusée en France avait été envisagée mais n´a pu aboutir à cause du refus français de garantir que l´accusée purgera la totalité de sa peine une fois en France. L´ambassadeur mexicain annoncera aussi l´éventualité du retrait de son pays de «l´Année du Mexique en France» si l´Elysée maintient sa décision de dédier cette manifestation culturelle à Florence Cassez. En effet, le chef de l´Etat français, Nicolas Sarkozy, a pris cette décision «avec l´accord de la prisonnière» (par téléphone. L´épouse de Sarkozy avait également déjà rendu visite à la Française en prison) comme il a tenu à le préciser lui-même. Il va encore plus loin en ajoutant que «le peuple de France est ami avec le peuple mexicain (et) nous faisons la différence entre le peuple mexicain et certains de ses dirigeants». Il est impossible de faire mieux dans l´offense. L´avocat français de l´accusée qui avait auparavant défendu le célèbre pédophile Outreau qui reste dans les annales comme la plus grande manipulation de la justice française, n´a pas hésité à qualifier sa cliente «d´otage politique». Autant d´écarts qui ne pouvaient déboucher qu´à cette décision mexicaine de déprogrammer «l´Année du Mexique en France». A supposer qu´aucune autre action ne vienne, dans les prochains jours, envenimer encore plus les relations entre les deux pays. Venons-en à ce qui nous intéresse, nous Algériens, dans cette affaire. Elle n´est pas sans nous rappeler l´injuste arrestation, le 14 août 2008 à sa descente d´avion à Marseille, par les autorités françaises, du diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni. Au-delà de l´immunité diplomatique dont il jouissait et qui a été bafouée, au-delà de l´incontestable absence de preuve, au-delà du déni de justice face aux tests ADN et graphologiques qui le disculpaient et à la suite desquels Paris a désigné un nouveau juge d´instruction, au-delà de bien d´autres détails, comme la très tardive liberté conditionnelle, le ministre français des Affaires étrangères (Bernard Kouchner) sollicité par son homologue algérien, s´était fendu par: «C´est une procédure judiciaire sur laquelle le pouvoir exécutif n´a pas de prise.» Face au Mexique, la France se retrouve dans la même situation où elle avait essayé d´entraîner l´Algérie. Et quand Michèle Alliot-Marie crie au «déni de justice» après la condamnation de Cassez par la justice mexicaine, l´Algérie a été d´une sagesse et d´une patience infinies en privilégiant jusqu´à faire se peut, la démarche procédurale. Une démarche qui a tout de même duré deux années au bout desquelles la justice française a fini par reconnaître son «erreur» et prononcé un non-lieu en faveur de notre diplomate. Alors, il est où l´Etat de droit? Dans quel pays où c´est à l´accusé d´apporter la preuve de son innocence? Dans quel pays «le pouvoir exécutif n´a pas de prise sur la justice»? En France ou en Algérie? La réponse nous vient du Mexique!