Qui fera infléchir Netanyahu ? Obama ? Pas sûr à en croire les réponses que lui a infligées le Premier ministre israélien. Oui à un Etat palestinien, mais démilitarisé, dépourvu de souveraineté et sans aucun droit sur Jérusalem. Autant dire un avorton, avec pour tout attribut le seul drapeau. Plus grave, Netanyahu exige des Palestiniens la reconnaissance de l'Etat d'Israël en tant qu'Etat juif ! Le chef de la droite insiste sur ce point, faisant de la judaïté d'Israël un élément central conditionnant toute avancée dans les négociations de paix. Cette insistance de la part du plus à droite de l'establishment israélien n'a pas suscité de réactions au sein de la communauté internationale, même pas pour son caractère raciste ! Pourtant, à voir de plus près, la nouvelle appellation de l'Etat israélien vise les Arabes d'Israël. Menacés ouvertement par la judaïsation de l'Etat israélien, ils sont, à terme, condamnés à l'exil, comme leurs homologues en 1948. Sur les 7,1 millions de résidents permanents en Israël, les juifs comptaient 5,4 millions pour 1,4 million d'Arabes en 2007. Cette dernière étiquette couvre en fait des statuts et des identités variés. À la différence des 550 000 Arabes de Galilée, les Bédouins du Neguev ne sont pas citoyens israéliens, pas plus que les Druzes du plateau du Golan, annexé en 1981, ou les Arabes de Jerusalem-Est, qui sont jordaniens. L'ensemble est recoupé par des divisions religieuses : une majorité de musulmans sunnites (84%) et des minorités chrétiennes (8%) et druzes (8%). Les Druzes servent dans l'armée, les musulmans non. En théorie, les Arabes citoyens d'Israël ont les mêmes droits que les autres composantes de la société israélienne. Mais, en réalité, ils sont toujours l'objet, et aujourd'hui plus qu'hier, de mesures discriminatoires (logement, travail, circulation). Les villes et villages arabes ont trente ans de retard comparés à ceux des Juifs. D'ailleurs, ils le rendent biens aux Israéliens en se faisant de plus en plus appeler Palestiniens de l'intérieur et en criant leur totale solidarité avec leurs frères de l'extérieur, qui, de leur côté, les considèrent pourtant comme des traîtres. Après la guerre de Gaza, ces Palestiniens de l'intérieur avouent porter lourdement cette citoyenneté israélienne, d'autant que depuis la seconde Intifada en 2000, il leur est difficile, voire pratiquement impossible, de se rendre chez leurs frères d'à côté. Avec Netanyahu, la discrimination à leur égard est en hausse : augmentation des incidents racistes envers les Arabes qui vivent dans un climat d'insécurité.