Le sort du tycoon algérien, Abdelmoumène Khelifa, réfugié à Londres depuis 2003, est-il en passe d'être scellé ? Selon le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, les autorités britanniques se prononceront sur son extradition, demandée par Alger, le 24 octobre prochain. En réponse à une question d'un journaliste, hier, à Alger, en marge d'une session du Parlement consacrée à l'adoption de l'ordonnance relative à la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme, Tayeb Belaïz a indiqué que le Premier Ministre, Gordon Brown, en vertu de la loi britannique, se prononcera sur la question le 24 octobre prochain. “Les choses suivent leur cours normalement. Nous attendons la décision finale qui sera prononcée le 24 octobre prochain”, a-t-il affirmé, précisant que “le ministre de l'Intérieur britannique sera dès lors tenu d'appliquer la décision dont l'exécution a besoin de certaines dispositions sauf dans le cas où elle ferait l'objet d'un recours auprès de la Cour suprême de quelque partie que ce soit”. Si le Premier ministre accède donc à la demande algérienne, cela mettra fin à une saga de six années d'un homme accusé d'être responsable du plus grand “scandale financier du siècle”, pour reprendre une formule usitée par Ahmed Ouyahia. Mais paradoxalement, elle pourrait ouvrir “la boîte de Pandore” puisque le milliardaire algérien aura droit à un autre procès en Algérie, comme l'a déclaré la justice anglaise en juin dernier. En 2007, lors de son procès par contumace au tribunal de Blida, Abdelmoumène Khelifa a été condamné à perpétuité. Un procès largement médiatisé, mais qui n'a pas pu pour autant réussi à lever le voile sur certaines zones d'ombre qui entourent son groupe dont les ramifications dans les milieux politico-économiques vont au-delà de l'Algérie. Il a été notamment reconnu coupable “d'association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux” dans l'affaire de la faillite d'El Khalifa Bank. Mais lui plaide toujours non coupable suggérant que la faillite de son groupe “procède d'une décision politique”. Pharmacien de son état, fils d'un ancien “Malgache”, son groupe a connu une ascension fulgurante au début des années 2000. Avant son déclin en 2003, il a réussi à mettre le grappin sur bien des secteurs : le transport aérien, les finances, les médias, le sport…. En juin dernier, le tribunal de Westminster, dans la banlieue de Londres, avait prononcé son extradition jugeant que la décision est conforme aux conventions internationales des droits de l'Homme. Mais, dès l'annonce du verdict, l'avocate de M. Khelifa, Anna Rothwell, avait annoncé son intention de faire appel Pour le ministre Belaïz, en tout cas, l'Algérie pourrait contester la décision des autorités britanniques au cas où l'extradition ne serait pas prononcée. “Nous introduirons un recours au cas où la décision irait à l'encontre de nos intérêts ou consacre la non-extradition”. Il faut noter, par ailleurs, que le milliardaire déchu fait l'objet d'une demande similaire d'extradition de la part de la France. Un pays où il est poursuivi pour “abus de confiance, banqueroute par détournement d'actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée”.