À peine avait-il fait part de son intention de se présenter à la prochaine élection présidentielle, l'ex-directeur de l'AIEA est déjà pris à partie par les proches du pouvoir égyptien et subit, depuis le début de la semaine, les foudres de la presse égyptienne dont certains grands journaux comme El-Ahram et El-Gamhouria. Ainsi, dans son édition de samedi, l'un des quotidiens affirme qu'El-Bradei vit sur une autre planète et qu'il connaît mal le peuple égyptien, l'accusant de se soumettre aux Américains dans l'affaire des armes de destruction massive, chimiques nucléaires, ayant entraîné l'agression de l'Irak. El-Gamhouria, pour sa part, est allé loin en accusant le prix Nobel de la paix d'avoir la nationalité suédoise et que l'Egypte ne peut avoir à sa tête un président “suédois”. De la méchanceté, que de la méchanceté contre une personnalité qui fait honneur à l'Egypte mais aussi au monde arabe. Après l'Algérie dont les martyrs ont été traités de tous les qualificatifs, c'est au tour du prix Nobel de la paix de subir l'hystérie et la colère d'une certaine presse aux ordres. Pour rappel, M. Mohammed El-Bradei, ex-directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a laissé entendre avant-hier qu'il serait prêt à prendre part à l'élection présidentielle de 2011, mais il a posé de nombreuses conditions parmi lesquelles l'envoi d'observateurs de l'ONU, des magistrats pour superviser l'élection et une commission indépendante. M. El-Bradei a indiqué que “si la plupart des Egyptiens veulent que je participe à cette élection, mais je ne l'ai pas fait encore et si je suis amené à y participer, ce sera dans l'intérêt de la nation et du peuple égyptiens et celui qui sera à ce poste dans cette conjoncture particulière doit être un président de consensus”. L'ex-directeur de l'AIEA a toutefois conditionné sa participation à l'élection présidentielle égyptienne par la mise en place d'une commission libre et indépendante chargée d'organiser l'élection laquelle sera supervisée et contrôlée par la justice et par des observateurs internationaux. M. El-Bradei a également exigé la mise en place d'une nouvelle constitution pour l'Egypte. “Cette élection doit être supervisée par des observateurs de l'ONU et doit être transparente comme cela se fait dans tous les pays”, a indiqué l'ancien directeur de l'AIEA. Certains observateurs ont conclu qu'à travers cette lettre, M. El-Bradei a voulu plutôt s'excuser auprès des gens qui le sollicitent pour participer à l'élection car l'ex-responsable de l'agence nucléaire sait pertinemment que les conditions qu'il a posées sont impossibles à remplir par le pouvoir égyptien actuel. Mais qu'a fait de mal ce grand Monsieur pour mériter un tel lynchage de la part de ses compatriotes sinon d'avoir tout simplement demandé à ce que la prochaine élection se déroule en toute transparence. Il est vrai que, ce faisant, il complique davantage la tâche au président en place qui, comme chacun sait, veut léguer son fauteuil à Gamal Moubarak, l'aîné de ses deux fils.