Rien ou presque n'aura échappé à la folie furieuse et à l'avidité des émeutiers qui ne se sont pas contentés d'incendier, de tout casser sur leur passage, ils ont aussi emporté tout ce qui pouvait l'être, mobilier de bureau, ordinateurs, consommables et matériel de reproduction. Les Annabis se sont réveillés, hier matin, avec un goût d'amertume à la bouche et l'impression d'avoir frôlé de peu le chaos après la nuit d'émeutes qu'ils ont vécue. Au lendemain de l'après-midi et de la longue nuit du vendredi noir, les informations ne sont pas pour rassurer, il faut dire, même si aucun bilan officiel n'a été encore établi par les autorités, autre que celui faisant état de dix-sept policiers blessés, dont trois grièvement. Mais chacun a pu se rendre compte de visu de l'ampleur et de l'étendue des dégâts occasionnés par les manifestants ; de la mise à sac et du pillage d'édifices publics, surtout les habitants des quartiers ouest de la ville, où les troubles ont été les plus intenses, étaient dans leur majorité désolés à la vue du spectacle qui s'offrait à eux, tout particulièrement à hauteur du boulevard Didouche-Mourad à la limite de la populeuse cité des Allemands et du centre-ville. Le siège, jadis imposant, de la société des Grands travaux hydrauliques (GTH) semble avoir été balayé par un typhon, tant l'empreinte des pilleurs est visible. Rien ou presque n'aura échappé à la folie furieuse et à l'avidité des émeutiers. Ces derniers ne se sont, en effet, pas contentés d'incendier, de tout casser à l'intérieur de l'immeuble, ils ont aussi emporté tout ce qui pouvait l'être : mobilier de bureau, ordinateurs, consommables et matériel de reproduction... Dans la rue, juste à proximité, les traces de la nuit d'enfer de vendredi sont également là, tout aussi navrantes. Les poteaux d'éclairage ont été arrachés et disposés en travers des deux côtés de la chaussée, vraisemblablement pour empêcher le passage des véhicules des brigades antiémeutes. Les pneus encore fumants, les blocs de pierre et les objets hétéroclites qui jonchent le sol en disent long sur la violence des affrontements qui ont opposé les jeunes en colère aux représentants de l'ordre. Ce n'est malheureusement pas tout, car les locaux de l'agence bancaire Société générale, situés non loin, ont été vandalisés par les jeunes venus des quartiers avoisinants de Oued Dheb, des cités Safsaf et El-Abtal et même d'ailleurs, du bidonville de Bouhdid, semble-t-il. Ceux-ci ont cassé les devantures de l'agence et tenté de fracturer les distributeurs automatiques avant d'être pris en chasse par les policiers. Quelques centaines de mètres plus loin, le siège de la daïra n'a pas échappé à la tempête, les émeutiers sont passés par là et ont essayé d'en forcer l'enceinte sans y parvenir grâce à la vigilance des forces combinées, qui sont présentes sur les lieux. Le dispositif de sécurité mis en place l'avant-veille a pu également contrecarrer les velléités de pillage du centre commercial CAM d'El-Hattab comme il est loisible de le constater. À ce niveau ce sont les personnels affectés au gardiennage qui auront été les premiers à s'interposer aux émeutiers avant que la police n'intervienne. Comme l'avaient fait à 21h, les employés du cirque El Fiorilegio, lesquels ont épargné leur chapiteau du pire en résistant bravement aux émeutiers. Ailleurs, dans la partie est de Annaba, où les jeunes sont sortis pour narguer les autorités jusqu'à 2h du matin, il n'est rien resté des manifestations si ce n'est des pierres et des bris de verre. On signale que les habitants de la vieille ville, des quartiers de La Colonne, de M'haffeur et des Quatre Chemins, des moins jeunes ceux-là, ont crié leur colère contre la cherté de la vie et leur mal-vivre durant une bonne partie de la matinée d'hier. Il reste que l'atmosphère reste électrique dans cette ville et qu'il est possible que les manifestations reprennent à n'importe quel moment comme le redoute cet officier de police en position à l'entrée du siège de la wilaya.