L'expérience de l'Algérie en matière de lutte contre la radicalisation et le terrorisme est unique au monde. Personne, parmi les présents au second jour du séminaire Caert-Ufl sur la lutte contre la radicalisation n'a disconvenu par rapport à cette affirmation du professeur M'hand Berkouk, invité à l'occasion à faire une communication à ce sujet. Mais avant, le député Si Affif est revenu pour présenter une série de pistes par lesquelles les parlementaires peuvent participer dans cette entreprise. Il va sans dire que le président de la commission des AE de l'APN s'appuie sur l'expérience algérienne en la matière. La paix, un rôle plus accru des médias, la coopération régionale, soutien des structures présentes avec renforcement des mécanismes régionaux, démocratie et transparence, moyens pour réduire l'injustice, renforcement des capacité de la société pour lutter contre l'extrémisme violent et, en ce qui concerne directement les députés, l'élu de Mostaganem préconise la diplomatie parlementaire pour compléter la diplomatie traditionnelle. “La diplomatie parlementaire jouit d'une plus grande liberté d'action, d'expression et a le rapprochement facile”, dit-il. Pour un parlementaire burkinabais, des facteurs comme la pauvreté, le changement climatique et la mauvaise gouvernance peuvent mener à l'extrémisme et induire la menace sur la sécurité. De même que la fragilité des pouvoirs qui influe sur la stabilité des pays. Il prévoit l'issue à travers la promotion du développement économique et l'ouverture politique. Une parlementaire mauritanienne penche pour “une nouvelle politique consensuelle” dans le cadre de la coopération régionale et internationale. Elle pointera du doigt les Occidentaux qui sont pour quelque chose dans la création du terrorisme à travers leurs interventions militaires pour “des intérêts inavoués”. C'est le cas, cite-t-elle, en Irak, en Afghanistan ou en Libye… “Nous devons régler nous-mêmes nos problèmes, sinon on va devenir aliénés”, a affirmé, de son côté, M. Madera, qui insiste sur “la nécessité de la coopération internationale mais tout en restant vigilant”. Pour M'hand Berkouk, les cas de radicalisation remontent à 1963. Cette radicalisation, qui a évolué jusqu'à la violence des années 80 avec le groupe Bouiali, est d'inspiration idéologique orientale. Le terrorisme en Algérie a été, a déclaré le professeur, un cas unique de destruction. Et de citer alors les adaptations apportées aux cadres juridiques, à la politique sécuritaire et toutes les initiatives entreprises dans le cadre couplé de la lutte militaire et politique avec des instruments à même d'endiguer le phénomène. Tous les aspects de la vie ont été ciblés, l'éducation, la religion, la politique ainsi que les initiatives de réconciliation, partant de la loi sur la rahma jusqu'à la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, en passant par celle de la concorde civile. En 1992, l'Algérie a développé une diplomatie sécuritaire proactive. D'ailleurs, cette démarche a permis à plus de 16 000 terroristes d'abandonner les armes. Sur un autre plan, est venu l'investissement public qui a vu l'ouverture massive de chantiers d'infrastructures mais aussi l'allocation de 40% des budgets pour les secteurs de la santé, de l'emploi, du logement et de l'éducation. On évoquera, par ailleurs, l'expérience mauritanienne ainsi que celle du Niger. Le professeur Hamani Djibo fera un lien entre l'injustice et la paupérisation, causées par les gouvernements postcoloniaux qui ont conduit à la rébellion. Il met en garde, cependant, sur la menace qui peut venir du Sud vu ce qui se passe au nord du Nigeria. L'universitaire refuse de parler de radicalisation, pour lui, il y a obscurantisme. En plus de la déclaration finale qui sera soumise aujourd'hui à adoption, les parlementaires adopteront leur résolution. DB.