Il a refusé de dévoiler la position de son parti au sujet de la prochaine présidentielle. Le chef de l'ANR était, jeudi dernier, l'invité de l'émission politique hebdomadaire animée par notre consœur Souhila Benali qui, en dépit de sa pugnacité, n'a pu arracher à son invité du jour ce que les auditeurs attendaient de lui, à savoir la position de son parti par rapport à la prochaine présidentielle. Rédha Malek a promis cependant de se prononcer sur le sujet dans les jours à venir. En revanche, l'auteur de Traditions et Révolution s'est particulièrement appesanti, en essayant d'en expliquer les raisons, les problèmes et difficultés qui empêchent le courant démocratique algérien de s'affirmer en recours et en alternative face au binôme pouvoir/islamistes. Il en impute, justement, la première cause au pouvoir, qu'il accuse de mettre les bâtons dans les roues pour bloquer les initiatives des démocrates sur le terrain. Ce qui l'amène d'ailleurs à revenir sur l'élection présidentielle d'avril 1999 pour rappeler aux auditeurs que l'administration avait usé de menaces à l'égard des militants de l'ANR et de fraude, en détournant leurs voix en faveur du candidat du système. L'exemple de Mme Samson, candidate à Jijel où elle avait fait carton plein a été évoqué à ce propos. Mais, Rédha Malek convient aussi qu'il existe des problèmes de leadership au sein du pôle démocratique dont il doute même de l'existence. “Pour parler de l'échec du pôle démocratique, il faut que ce pôle ait une existence d'abord”, regrette-t-il en plaidant pour plus “d'ouverture” et “plus de maturité” chez tous ceux qui se reconnaissent dans le projet démocratique. Nasser Djabbi, spécialiste en sociologie politique et co-animateur de l'émission, va dans une tout autre direction pour expliquer le manque “d'ancrage” de l'ANR et des partis démocrates dans la société. C'est “la paupérisation des classes moyennes”, vivier électoral des partis démocratiques, qui fait que les Algériens se reconnaissent davantage dans les discours portés par les partis radicaux, explique-t-il. L'universitaire, Brahim Brahimi, quant à lui, dit sensiblement la même chose, à la différence que, pour lui, la composante humaine de la direction de l'ANR, des anciens cadres ayant exercé des responsabilités dans le cadre du système, y est pour quelque chose aussi, en ce sens qu'elle n'offre pas des modèles identificatoires pour les jeunes, inaccessibles “aux discours élitistes”. Rédha Malek qui dit “assumer” plus que jamais sa célèbre formule “la peur doit changer de camp”, revient aussi sur les partis islamistes pour attirer l'attention de l'opinion algérienne quant au danger qu'ils représentent. À ce propos, il met en exergue le retour des prêches incendiaires dans les mosquées. Mais, concède Rédha Malek, le 11 septembre constitue un coup dur pour la nébuleuse islamiste dans le monde. Un auditeur a appelé en fin de l'émission pour déplorer le risque de voir l'élection présidentielle d'avril prochain se dérouler en l'absence des démocrates. “Cela ne risque-t-il pas de provoquer un désenchantement chez les Algériens qui feront définitivement leur deuil de l'alternative démocratique ?”, interroge-t-il. Interrogation judicieuse qui résume parfaitement la situation du pôle démocratique, à quelques mois que nous sommes du rendez-vous de la présidentielle. N. S.