Dix-neuf ans après leur fermeture, les frontières algéro-marocaines vont-elles rouvrir ? Rabat est souvent revenu à la charge sur cette question récurrente et Alger a toujours rappelé ses conditions quant à une nécessaire normalisation des relations bilatérales avant de prendre toute décision. Dans ce dialogue tendu qui dure depuis deux décennies, la déclaration de Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur, sonne d'abord comme une invitation au royaume chérifien de calmer le jeu et de cesser ses attaques récurrentes contre l'Algérie. En espérant “un environnement propice", le responsable algérien a surtout voulu suggérer que la demande marocaine pour la réouverture des frontières terrestres ne peut être un préalable à l'amélioration des relations entre les deux pays, mais l'aboutissement d'un processus où les différends trouveront des solutions. Dans le même temps, l'environnement régional et international, créé au lendemain du Printemps arabe et particulièrement la guerre au Sahel et l'instabilité politique qui continue de caractériser la Libye, pourrait amener Alger, Rabat et Tunis à plus de coordination afin de faire face aux menaces multiples provenant de la sous-région. C'est peut-être dans ce sens où il faudrait situer une probable réouverture des frontières algéro-marocaines qui serait ainsi un signe d'une entente programmatique négociée sous d'autres cieux et où les deux pays ne perdraient pas grand-chose au change. Si Rabat pourrait profiter de la réouverture sur le plan économique, il devrait très certainement s'engager beaucoup plus sérieusement à lutter contre le trafic de drogue et la contrebande ainsi qu'une meilleure coordination dans le combat contre le terrorisme. Pour Alger, les Marocains doivent faire leurs preuves. Après le non-respect de leurs engagements prononcés à Alger même sur un “cessez-le-feu" médiatique, le gouvernement algérien ne peut signer un chèque en blanc, surtout que Rabat continue d'accuser Alger de soutenir le Front Polisario qui revendique l'indépendance du Sahara Occidental occupé par les forces royales depuis 1975. Pourtant le dossier sahraoui est pris en charge par l'ONU. Ce que Rabat qualifie de “lourd différend", Alger le considère comme un soutien de principe au droit des peuples à l'autodétermination. Dans ce cas, et si les divergences sur l'avenir de l'ancienne colonie espagnole remontent en surface, la tension diplomatique entre Alger et Rabat continuera de peser... à moins que Washington ne force Rabat à organiser le référendum d'autodétermination. Nom Adresse email