Les policiers tunisiens vont procéder à un contrôle renforcé des personnes portant le niqab, justifiant cette mesure par la lutte contre le terrorisme et face à l'essor de groupes djihadistes. Le ministère de l'Intérieur a annoncé la mesure vendredi. "Cette mesure a été prise en raison des menaces terroristes enregistrées dans le pays et en raison du recours de suspects au niqab (...) pour se déguiser et fuir la justice", explique le ministère qui demande la "compréhension de tous" afin d'"aider les unités sécuritaires à faire leur travail". Le port du niqab n'était pas toléré sous le régime déchu de Zine El-Abidine Ben Ali qui réprimait les manifestations publiques et ostentatoires de l'islamisme, mais cette tenue wahhabite a connu un essor depuis la révolution de Jasmin de janvier 2011, suscitant débats et heurts entre militants politiques séculiers et islamistes. Les universités ont notamment été le théâtre de violences entre défenseurs du droit à porter le voile intégral et leurs détracteurs. Et le parti au pouvoir jusqu'à l'adoption de la Constitution post-Benali en janvier 2013, Ennahdha avait laissé faire, voire encouragé le port du niqab. Face à la réaction de la société sécularisée par les décennies Bourguiba, notamment en ce qui concerne les femmes et les pratiques religieuses. Le parti islamiste Ennahdha qui avait fait main basse sur la révolution fut contraint de reculer puis de consentir à un gouvernement "indépendant" chargé de préparer les élections générales, municipales et présidentielle cette année. La nouvelle Constitution rédigée par une vraie Constituante, une première dans le monde arabe d'aujourd'hui, a remis les pendules à l'heure, affirmant certes l'islamité de la Tunisie mais en prenant soin de la séparer de la gouvernance des hommes. L'apostat est par exemple proscrit. La Tunisie est également confrontée à l'essor de groupes djihadistes accusés notamment des assassinats en 2013 de deux opposants de gauche qui ont profondément déstabilisé le pays. D. B. Nom Adresse email