Qu'il semble loin le temps où l'attaquant malien Mamadou Diallo terrorisait les défenses qui s'aventuraient à faire front à la terrible avant-garde usmiste, ou le milieu de terrain sénégalais Aïssa Aïdara dirigeait le jeu du Widad de Tlemcen et où le Camerounais Gilles Augustin Binya constituait le verrou défensif du Mouloudia d'Oran. Cheikh Omar Dabo qui empilait les buts avec la JS Kabylie, Adiko qui était l'un des maillons forts de l'ESS reine d'Arabie ou encore Diakité et Coulibaly qui portaient presque à eux deux le MCA ont, eux aussi, laissé un souvenir impérissable aux habitués des stades algériens. C'était le temps où la "filière africaine" constituait une alternative de choix pour les clubs algériens. Une époque qui semble désormais révolue, eu égard à la faible productivité de la pépinière subsaharienne à destination du marché national, notamment en matière de talents bruts. En langage des chiffres pourtant, le Gabonais Benjamin Ze Ondo (ESS), l'Ivoirien Stéphane Dibi, le Kenyan Edwin Lavatsa (MCA), le Camerounais Ernest Nsombo (USMA), le Sénégalais Mamadou Dramé, le Camerounais Awandi Iko Bertrand (RCA), les Maliens Sidibé et Seriman (MOB), le Camerounais M'Parka (CRBAF), le Libyen Gnaw Mohamed (ASOC) et l'Egyptien Ahmed Fethi (CRB) constituent un joli contingent d'une douzaine de joueurs africains recrutés cet hiver par les pensionnaires de la Ligue 1 en vue d'apporter un plus que les éléments locaux n'ont pu assurer. Des arrivées qui, pour l'anecdote, n'ont pas échappé à l'œil critique du président de la Ligue de football professionnel qui reconnaît que "les joueurs étrangers engagés sont inconnus au bataillon". "J'ose même dire que nos clubs ont pris un risque dans ce registre", ajoutera un Mahfoud Kerbadj sceptique. Loin de parler pour ne rien dire, le premier responsable de la LFP touchait là du doigt une plaie ouverte qui ne fait en rien avancer un sport-roi national déjà malade de sa politique boiteuse. Cela dans la mesure où – et cela tout le monde l'aura constaté – ces "étrangers" n'apportent pas vraiment cette plus-value pour laquelle les clubs ont déboursé des centaines de milliers d'euros pour les recruter. Exceptions faites de quelques étincelles çà et là, de temps à autre, ces "Africains" ne brillent pas dans le ciel du football algérien. Pourtant, à leur arrivée, leurs managers les affublaient de ces qualificatifs qui auraient fait saliver d'envie même les plus blasés des recruteurs... naïfs. Un mois après, ces recrues étrangères sont, au mieux, remplaçants de luxe, au pire, déjà voués aux gémonies d'un retour précipité à l'envoyeur. Et dire que pour aspirer à signer un contrat professionnel en Ligue 1 algérienne, ces Africains sont obligés d'être des internationaux dans leurs pays respectifs ! Certificat à l'appui, ils parviennent rapidement à passer cet obstacle, encore qu'un manager accrédité FIFA avait, dans un passé récent, confié à Liberté dans une discussion en off que "dans un continent comme l'Afrique où tout s'achète et se vend à condition d'en connaître le prix et d'en avoir les moyens financiers, il suffit d'avoir un relais comme une secrétaire ou un agent dans une fédération pour obtenir ce certificat". "C'est tellement simple de faire passer un élément banal pour un international junior ou espoir ! Qui pourrait confirmer ou infirmer le contraire en l'absence d'un fichier continental crédible ? Personne !", s'amusait même à argumenter ledit agent FIFA, de nationalité camerounaise. Cela expliquerait, en partie, les nombreux flops et les monumentales erreurs de casting qui caractérisent le recrutement "international" des clubs algériens du dernier quinquennat. Un recrutement qui risque même de se raréfier dès la saison prochaine, avec la mise en application de la nouvelle loi fédérale visant à plafonner les salaires mensuels des professionnels de Ligue 1 à 120 millions de centimes. Ils ne seraient, d'ailleurs, pas nombreux, les Africains à se bousculer au portillon algérien pour un maximum de 8000 euros que rapporteraient, convertis au marché parallèle, les 120 millions de salaire maximum. D'autant plus que les autres destinations maghrébines que sont les championnats tunisien et marocain rapportent (beaucoup) plus, tout comme l'eldorado moyen-oriental. Un mal, peut-être, pour un bien à multiples effets. Celui d'un championnat qui s'éviterait, ainsi, de piètres footeux dont la seule qualité est d'être parvenu à passer les mailles trop grandes des défaillants systèmes de contrôle. Mais aussi et surtout pour le bien de la santé financière déjà trop fragile des clubs de l'élite. R. B. Nom Adresse email