L'Otan a sauvé la face au sommet d'Istanbul en décidant de venir en aide à l'Irak mais ses dirigeants, notamment l'Américain George W. Bush et le Français Jacques Chirac, à couteaux tirés, ont étalé des divergences persistantes et laissé une inquiétante impression d'inachevée. Réunis pendant deux jours dans la métropole turque, les 26 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Otan n'ont pu ainsi masquer la fragilité politique d'une alliance qui risque de surcroît la surcharge en multipliant ses missions. Comme il était attendu, ils sont parvenus à un accord minimum pour aider à la formation des forces de sécurité irakiennes en soutien au nouveau gouvernement de ce pays et ont décidé l'envoi de renforts en Afghanistan dans la perspective des élections de septembre. Pendant deux jours, l'Otan s'est efforcée de présenter l'image d'une alliance réunifiée, ayant démontré sa capacité à surmonter ses divisions provoquées par l'invasion américano-britannique de l'Irak l'année dernière. Mais à peine l'encre séchée sur la déclaration sur l'Irak, adoptée lundi passé peu après l'entrée en fonction surprise le même jour du nouveau gouvernement irakien, les lignes de fractures sont réapparues au grand jour, notamment entre Paris et Washington. Pendant que le président Bush qualifiait de “succès crucial” la décision de l'Otan d'aider l'Irak, le président Chirac douchait l'optimisme ambiant en rappelant son “hostilité à toute implantation de l'Otan en Irak”. Que ce soit sur l'Irak, l'Afghanistan ou encore le délicat dossier de la candidature de la Turquie à l'Union européenne, MM. Bush et Chirac n'ont d'ailleurs pas manqué une occasion d'afficher leurs différences. Dans l'avion ramenant le président Bush aux Etats-Unis, un haut responsable américain a assuré mardi dernier que l'administration américaine n'avait pas une position “dogmatique” concernant la présence de l'Otan en Irak et accusé les Français de se bloquer sur les détails. Pour l'Otan, maintenant, le plus dur reste à faire. À l'issue du sommet qui s'est tenu mardi dernier, des diplomates ont concédé qu'il reste encore de nombreux points à éclaircir, ce qui augure mal des discussions à venir au siège bruxellois de l'Alliance. D'autant qu'avant le sommet, un diplomate de haut rang à Bruxelles a souligné que “le problème (de l'Otan), c'est le trop-plein”. R. I./A.