Alors que le Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS) des douanes a enregistré un déficit de 341 millions de dollars durant les deux premiers mois de l'année 2015, le ministère des Finances parle de 2,3 milliards de dollars pour la même période. Le déficit de la balance commerciale de l'Algérie durant les deux premiers mois de l'année 2015 serait beaucoup plus important que celui rapporté par l'APS avant-hier, citant des sources douanières. "Je suis très surpris par les chiffres de la balance commerciale que rapporte une dépêche de l'APS datée du 21 mars 2015 et qui cite une source des Douanes. En effet, la baisse vertigineuse du prix du pétrole entre janvier-février 2015 et janvier-février 2014 n'est pas cohérente avec une baisse des exportations des hydrocarbures de 30,31%. Mes calculs indiquent que cette baisse devrait être bien plus élevée, puisque la moyenne du prix d'un baril de pétrole Brent était de 108 dollars pour les mois de janvier et février 2014, contre 55,2 dollars pour les mois de janvier et février 2015. Cela correspond à une baisse de 48,89%", relève Nour Meddahi, économiste et professeur à la Toulouse School of Economics, dans un message envoyé à la rédaction. Pour rappel, l'APS, citant le Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes, a indiqué que la balance commerciale de l'Algérie a enregistré un déficit de 341 millions de dollars durant les deux premiers mois de l'année 2015, contre un excédent de 1,71 milliard de dollars à la même période de 2014. L'économiste relève une contradiction entre les chiffres postés sur le site Internet du ministère des Finances et ceux donnés par l'APS. En effet, le ministère des Finances indique que les exportations des hydrocarbures en janvier et février 2015 ont été de 5,152 milliards de dollars (et non pas 7,24 mds de dollars comme indiqué par la dépêche de l'APS). "Les chiffres du ministère des Finances impliquent que la baisse des exportations entre les deux premiers mois de 2015 par rapport à ceux de 2014 est de 50,44%, ce qui est plus cohérent avec la baisse du prix du pétrole sur la même période (48,89%)", a souligné Nour Meddahi. La conséquence immédiate, a-t-il indiqué,"est que, comme indiqué par les chiffre du ministère des Finances, le déficit de la balance commerciale de l'Algérie pour les deux premiers mois de 2015 est de 2,3 milliards de dollars et non pas 341 millions de dollars". Selon les chiffres publiés sur le site du ministère des Finances, sur la période janvier-février 2015, les exportations globales algériennes se sont établies à 5,695 milliards de dollars contre 10,819 milliards de dollars sur la même période de 2014. Les exportations des hydrocarbures, durant les deux premiers mois 2015, ont été évaluées à 5,152 milliards de dollars contre 10,396 milliards de dollars à la même période de 2014. Quant aux importations, elles se sont chiffrées à 8,015 milliards de dollars contre 9,107 milliards de dollars durant la même période de l'année écoulée. Selon le ministère des Finances, les importations de "biens d'équipement" ont atteint 2,894 milliards de dollars durant les deux premiers mois de l'année en cours, contre 2,859 milliards de dollars lors des deux premiers mois de l'année 2014. Les importations de "biens intermédiaires" occupent le second rang avec 2,180 milliards de dollars. Elles enregistrent une baisse par rapport aux deux premiers mois de l'année passée. Les importations de "biens alimentaires" sont évaluées à 1,639 milliard de dollars, également en baisse par rapport à la même période de l'année passée. Au sein des biens alimentaires, ce sont surtout les importations de céréales (blé, farine, semoule...) qui ont connu une croissance, passant de 544 millions de dollars durant les deux premiers de l'année 2014 à 577 millions de dollars durant la même période de l'année en cours. Le ministère des Finances relève également une baisse des importations de lait et dérivés. Les importations de "biens de consommation non alimentaires", qui occupent le quatrième rang, enregistrent, aussi, une chute de 244 millions de dollars, passant de 1,546 milliard de dollars les deux premiers mois de l'année passée à 1,302 milliard de dollars durant la même période de l'année en cours, notamment sous l'effet de la diminution des importations des médicaments et des véhicules de tourisme. M. R.