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Bouterfa : "Une hausse des tarifs de l'électricité est impérative" Le P-DG de Sonelgaz estime que les gros consommateurs en seront les premiers concernés
Le P-DG du groupe Sonelgaz, Nordine Bouterfa, reste plus que jamais convaincu que l'augmentation des tarifs de l'électricité est une mesure impérative pour la concrétisation du programme d'investissement. M. Bouterfa revendique encore une fois une hausse des prix, devenue, selon lui, une condition sine qua non, pour satisfaire une demande nationale de plus en plus importante. À cette sérieuse problématique, M. Bouterfa propose deux solutions: "Agir sur l'offre afin de faire face à la demande ou sur la demande par la rationalisation, l'efficacité énergétique et opter pour des technologies sobres en consommation." Il avoue, toutefois, qu'une telle option ne peut être réalisée avant 5 voire 10 ans. D'où le recours, suggère-t-il, à une révision à la hausse de la tarification. "Il est indispensable de commencer à libérer les prix". Pour lui, "il faut augmenter les tarifs. Il s'agit en fait de desserrer la tarification actuelle afin de lever à la fois la contrainte sur Sonelgaz et les banques", propose-t-il avec insistance. Une telle décision peut être prise graduellement en commençant, dans une première étape, par les gros consommateurs, c'est-à-dire la clientèle, haute tension, dont les tarifs pratiqués sont subventionnés par l'Etat à hauteur de 80 centimes. Cette catégorie de clients représente, atteste-t-il, 20% du marché national. Il est difficile pour l'entreprise, soutient M. Bouterfa, de vendre moins cher que le coût de production et de transport de l'électricité, estimé à 3 DA. "On ne peut leur vendre à moins de 3 DA !", relève-t-il. La révision à la hausse de la tarification de l'électricité devient aujourd'hui une nécessité pour les prochains projets du secteur. "Aujourd'hui, je demande une augmentation des tarifs", affirme le P-DG de Sonelgaz qui tient à préciser que les ménages ne seront pas concernés dans une première phase. "Mais une cimenterie, une usine de sidérurgie... par exemple, doivent être touchées par une telle mesure", déclare M. Bouterfa. "La subvention doit être canalisée et orientée vers le citoyen certes, mais pour l'industrie, elle doit être repensée", indique-t-il. Une réalité reste cependant imparable : le problème de subvention de l'électricité cause à Sonelgaz un déficit de financement de 80 milliards de dinars, comblé par des emprunts. "Ce déséquilibre financier nous contraint à emprunter 80 milliards de dinars de découvert chaque année. Pis, ce montant augmentera encore davantage en 2016 et 2017", déplore le patron de cette entreprise. Pour que ce déséquilibre ne dépasse pas le niveau actuel, ajoute-t-il, "il faut subventionner l'exploitation ou augmenter les prix. Or, aucune des deux solutions n'est appliquée à ce jour". À travers la mobilisation de 1 000 milliards de dinars sur le système bancaire, Sonelgaz soustrait indirectement, observe-t-il, l'équivalent de 1 000 milliards de dinars d'opportunités d'investissements aux autres secteurs. Un déficit de financement de 80 milliards de dinars comblé par les emprunts Ce qui pousse le P-DG de Sonelgaz à dire : "Allons-nous continuer à privilégier le secteur de l'énergie au détriment des autres industries ou faut-il le (secteur de l'énergie) libérer en augmentant les prix de l'électricité afin de permettre aux autres promoteurs, publics ou privés, de concrétiser leurs projets d'investissement ?". Par ailleurs, les créances impayées que M. Bouterfa évalue annuellement entre 45 et 47 milliards de dinars, rendent encore la situation financière de l'entreprise plus complexe. En dépit de cet écueil financier, Sonelgaz a importé, ces deux dernières années, pour 14 milliards de dollars d'équipements destinés à des projets d'investissement à long terme, d'une durée de 20 à 25 ans. Face à l'ampleur des montants dédiés à l'achat de ces matériels, la Société nationale de l'électricité et du gaz a maturé une réflexion visant une substitution à ces importations à travers le développement d'une industrie nationale. Cela étant, l'"importation n'est pas un mal en soi car, il y a derrière, une production de l'énergie qui sert à booster le reste de l'économie nationale", a expliqué Nordine Bouterfa lors de son passage, hier, sur les ondes de la radio Chaîne III. Néanmoins, nuance ce responsable, plus de 80% des équipements utilisés pour la distribution sont fabriqués localement. C'est le cas des transformateurs, des câbles et des pylônes qui sont essentiellement issus de la fabrication locale. "Il reste quelques accessoires pour lesquels il a été prévu des projets de fabrication en Algérie", explique M. Bouterfa. En ce qui concerne les gros moyens de production dont le taux d'intégration ne dépasse pas les 20%, le groupe qui envisage de produire 13 000 mégawatts dès 2017, doit, selon lui, investir la somme de 13 milliards de dollars dont la moitié est d'ores et déjà engagée et les travaux lancés. Sonelgaz avait annoncé en 2012, qu'elle allait lancer un programme d'environ 20 milliards d'euros. Plus de la moitié de ce programme a été réalisée avec une enveloppe déjà engagée de plus de 1 000 milliards de dinars. Un autre montant de même valeur sera dépensé pour les deux années à venir. "Avec ces projets, nous achevons le programme de rattrapage et de mise à niveau du système électrique. Il s'agit en fait de fonctionner avec une réserve suffisante, normée et réglementaire, évaluée à 20%, appelée à être utilisée dans les moments difficiles notamment lors des pics de consommation énergétique", souligne-t-il. Actuellement, reconnaît-il, cette norme n'est pas encore appliquée. On ne peut relancer la machine industrielle et développer l'économie, remarque-t-il, qu'à travers une disponibilité de l'énergie. Or, quelles que soient les difficultés économiques conjoncturelles auxquelles fait face l'Algérie, l'énergie sera, relève-t-il, toujours disponible grâce à cet ambitieux programme en cours de réalisation. "Nous n'allons pas freiner les investisseurs. La décision est prise, elle coûte de l'argent. Mais c'est un argent investi qui apportera gros à l'avenir", commente-t-il. Pour les énergies renouvelables, le programme d'investissement prévoit la production de 3 500 à 4 000 MW d'ici à 2020. Cela se fera en partenariat avec le secteur de l'industrie à raison de 400 MW/an. B. K.