Des pharmaciens et des représentants de laboratoires pharmaceutiques ont divergé sur l'ampleur du phénomène de la contrefaçon du médicament en Algérie. La question de la contrefaçon des médicaments en Algérie a été au centre d'un débat initié, hier, par l'Association des pharmaciens de l'Ouest (Aspo), lors d'une rencontre regroupant des pharmaciens venus de plusieurs wilayas du pays ainsi que des représentants de laboratoires pharmaceutiques. C'est à travers la communication du professeur Yahia Dellaoui, de la faculté de médecine d'Oran, que cette question a été abordée, lors de cette rencontre organisée justement à l'occasion de la Journée mondiale de la contrefaçon. L'intervenant, tout en expliquant que la contrefaçon des médicaments est un phénomène touchant plus particulièrement les pays en voie de développement, affirmera que l'Algérie est épargnée par ce phénomène. "L'Algérie est le seul pays arabe à ne pas produire de médicaments contrefaits", expliquant que "trois dispositifs rigoureux permettent de contrôler la mise sur le marché de médicaments ou de molécules, le laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques, la pharmacovigilance et la toxico-vigilance". Le professeur soulignera que la question du médicament "cabas" se pose néanmoins dans notre pays. Et c'est sur ce point que l'intervenant sera contredit par des participants, pharmaciens de leur état, qui affirment pour certains avoir été confrontés à la vente de médicaments contrefaits provenant de Chine ou encore de Libye. C'est souvent de manière frauduleuse que ces médicaments douteux sont introduits selon les participants. Les membres de l'Aspo expliquent avoir souvent signalé des réclamations de leurs clients suite à la prise d'un médicament "peu efficace ou présentant des effets secondaires sévères". Une pharmacienne, exerçant à Sougueur, dira que le phénomène est bien présent, mais que les pouvoirs publics refusent d'aborder la question, et de citer l'exemple du Viagra qui se vend sous le manteau dans le pays. Le Viagra chinois se vendrait, selon certains témoignages, 450 DA l'unité. Si le phénomène de la contrefaçon du médicament génère quelque 75 milliards de dollars de profits, selon l'OMS, l'Algérie devra se préparer à l'inévitable phénomène de l'achat de médicaments via Internet quand on sait qu'un médicament sur deux vendus sur le Net est contrefait, toujours selon l'OMS. D'autres, en revanche, préconisent plus de vigilance et de coordination aux frontières (ministère de la Santé, douanes, services de sécurité) pour empêcher l'introduction de médicaments contrefaits soit par le biais du cabas ou cachés dans des conteneurs et davantage de moyens pour les laboratoires nationaux de contrôles des médicaments. D. L