Pour la diplomatie algérienne, visiblement agacée, le tableau dépeint par les Américains procède de "stéréotypes", "d'appréciations partiales" et de "conclusions simplistes". Le rapport du département d'Etat sur les droits de l'Homme en Algérie, rendu public le 25 juin dernier, n'est pas du goût d'Alger. Non seulement, il ne dissimule pas son agacement d'un rapport aux conclusions "simplistes", mais également dénie aussi aux Américains de s'ériger en juge universel des droits de l'Homme. "L'Algérie et de nombreux autres pays ont toujours considéré, à bon droit, que les documents qu'un partenaire international pourrait produire, dans le cadre de sa législation nationale, pour exprimer ses propres perceptions quant aux situations relevant de la souveraineté d'autres Etats, n'engagent que ledit partenaire auquel la communauté internationale est, en l'occurrence, loin de reconnaître une quelconque mission de juge universel des droits de l'Homme", a réagi, hier, le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. Comme d'ordinaire, le département d'Etat a épinglé l'Algérie où, selon lui, la situation des droits de l'Homme est loin d'être rose. Violences policières, impunité des forces de l'ordre, arrestation et détention arbitraire, usage de la torture, une élection présidentielle entachée de fraude en se référant aux déclarations du candidat Ali Benflis sont autant de marqueurs de la situation, selon le département de John Kerry. Mais pour la diplomatie algérienne, ce tableau procède de "stéréotypes", "d'appréciation partiales" et de "conclusions simplistes". "Le document intitulé ‘Rapport sur la situation des droits de l'Homme dans le monde en 2014', que le Département d'Etat américain vient de diffuser, ne fait que prolonger, voire même accentuer, en ce qui concerne l'Algérie, une inclination bureaucratique portée sur la reproduction mécanique de stéréotypes, ainsi que de références désuètes, d'appréciations partiales et de conclusions simplistes", soutient le texte repris par l'agence officielle, APS. Alger relève même l'existence de certaines allégations jugées "monstrueuses", comme celle qui confond lutte contre le terrorisme et privation du droit à la vie. "S'il fallait une seule preuve des erreurs de jugement et des outrances qui disqualifient irrémédiablement ledit "rapport", elle se trouve dans l'esquisse d'une équation d'égalité entre l'action légitime de l'Etat national et la folie meurtrière de groupes terroristes, ainsi que dans la monstrueuse allégation que comporte le fait de rendre compte des résultats remarquables des opérations contre-terroristes courageuses menées en toute transparence par l'Armée nationale populaire sous le titre mystificateur de "privation arbitraire et illégale du droit à la vie". Autre "entorse" selon Alger : les différences d'appréciations entre la situation algérienne et celle de la Palestine et du Sahara occidental. "L'esprit négatif de critique qui ôte toute crédibilité à la quasi-totalité de la teneur de ce ‘rapport' en ce qui concerne l'Algérie contraste si manifestement avec l'équilibrisme qui caractérise les parties relatives à la Palestine et au Sahara occidental, alors même que s'agissant de deux situations d'occupation illégale et de violation du droit fondamental des deux peuples à l'autodétermination, les responsabilités d'Etat membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies auraient dû se traduire par un engagement ferme et actif en faveur d'une protection et d'une promotion plus effectives des droits de l'Homme au bénéfice des deux peuples", soutient le MAE, avant de souligner : "D'évidence, la cause des droits de l'Homme ne peut pas relever d'un exercice saisonnier. Il s'agit d'une œuvre de longue haleine qui consolide des acquis et qui s'ouvre sans cesse de nouvelles perspectives. C'est cette approche que l'Algérie s'emploie à développer dans ses interactions avec ses partenaires internationaux, y compris dans le cadre du dialogue stratégique qu'elle entretient avec les Etats-Unis d'Amérique autour de valeurs référentielles et de principes ancrés dans le respect mutuel et l'équilibre des intérêts." K. K.