Le Premier ministre français Manuel Valls sera aujourd'hui à Riyad, deux jours après sa visite au Caire, où il a assisté à la finalisation de la signature du contrat de vente à l'Egypte des deux navires de guerre de type Mistral, qui seront livrés fin 2016. Ces deux bâtiments de guerre ont été commandés par la Russie mais le contrat a été rompu suite aux sanctions imposées par l'Union européenne à cause de la crise en Ukraine. En Arabie saoudite, la France espère signer d'autres contrats dans le domaine de l'équipement militaire. Riyad était, pour rappel, sur la liste des candidats à l'achat des deux Mistral. Mais elle va se contenter désormais, du moins pour le moment, de commander des appareils de type "Airbus Hélicoptère", des frégates "Fremm" et des systèmes antimissiles chez le groupe "Thalès défense", selon des sources proches du dossier à l'Elysée, sous le couvert de l'anonymat, a rapporté Reuters. Confrontées au terrorisme islamiste et à de graves bouleversements géopolitiques dans la région du Proche-Orient, les deux pays ont augmenté leur budget de la défense et diversifié leurs fournisseurs, depuis quelques années. Ainsi, les Egyptiens ont acquis 10 hélicoptères de combat de type Apache et 8 avions F-16 auprès des Etats-Unis. Ils ont aussi signé de nouveaux contrats avec la Russie au lendemain de l'arrivée de l'ancien général Abdel Fatah al-Sissi aux commandes au Caire. Moscou a livré 46 avions de combat de type Mig-35 et des batteries antimissiles. L'armée égyptienne a aussi acquis trois Rafale, ces avions hypersophistiqués que la France a du mal à placer sur le marché mondial de l'aviation militaire. L'Egypte a dépensé en 2014 plus de 1,8 milliard de dollars dans l'achat d'équipements militaires, contre 1,7 milliard l'année précédente, selon des chiffres officiels. En 2015, avec ces nouvelles acquisitions et commandes, ce chiffre va donc exploser. Avec l'acquisition des deux navires Mistral, le Caire devient une véritable force en Méditerranée orientale et dans le paysage géopolitique proche-oriental. C'est le cas aussi de l'Arabie saoudite qui a profité des pétrodollars pour renouveler son armement, en dépensant 10,8 milliards de dollars en 2014 contre 9 milliards de dollars en 2013. L'apparition de la menace terroriste de l'organisation autoproclamée Etat islamique (Daech), la montée des chiites au Yémen et le retour de l'Iran sur la scène régionale et internationale ont provoqué un climat de panique chez les Al-Saoud qui se sentent à la fois menacés et obligés de consacrer un important budget pour la défense pour garder leur position de dominant sur l'échiquier régional. Ainsi, en 2014, avec une enveloppe de plus de 64 milliards de dollars pour le département de la Défense, Riyad a déclassé New Delhi, en matière d'importations d'armes. La baisse des prix du pétrole, d'où l'Arabie saoudite tire une grande partie de ses revenus, annonciatrice d'une grave crise pour les pays exportateurs d'or noir, ne semble pas inquiéter Riyad qui compte effectuer quelques coûteuses dépenses militaires aujourd'hui et dans les mois et semaines à venir. L. M.