Devant des opérateurs économiques et potentiels investisseurs venus partager leurs problèmes et leurs aspirations, le ministre a admis que l'économie algérienne est infestée de pratiques frauduleuses. Dans une intervention qu'on aurait pu croire franche et sincère — si elle n'était induite par un contexte économique extrêmement contraignant, imposant de préparer la société à l'austérité qui se profile — le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, a reconnu que "les dirigeants algériens n'ont pas toujours fait les meilleurs choix, laissant se développer une délinquance économique qui compromet les équilibres économiques du pays". Devant des opérateurs économiques et potentiels investisseurs venus partager leurs problèmes et leurs aspirations, le ministre a admis que l'économie algérienne est infestée de pratiques frauduleuses que les responsables n'ont pas su ou voulu combattre efficacement. "Notre économie est perturbée par le fait du prince", a-t-il concédé devant les critiques d'un opérateur qui reprochait la prééminence de la directive, de l'instruction soudaine et imprévue, sur le texte de loi. "Il arrive que l'administration nous impose des mesures, imprévues, qui sont en totale contradiction avec la législation. Et lorsqu'on s'inquiète de changements soudains, on nous rétorque que c'est une instruction venue d'en haut !", s'est notamment emporté l'opérateur en appelant à une meilleure application des textes de loi. Plaidant "le patriotisme économique", Bakhti Belaïb a évoqué quelques-unes des mesures prises, a-t-il dit, pour une meilleure transparence des transactions économiques. Le très controversé système des licences d'importation sur certains produits, que l'APN a adopté, cet été, en fait partie. "Nous avons constaté que le coût des importations ne correspondait pas toujours à la valeur réelle de la marchandise (...) Il y a un trafic énorme dans le secteur des importations", a-t-il souligné, en exprimant sa conviction que la mise en application prochaine du système des licences contribuera à mettre fin à ce genre de pratique. Le ministre a également rappelé la volonté du gouvernement de renégocier l'accord d'association passé en 2005 avec l'Union européenne qui a davantage profité aux pays du Vieux Continent qu'à l'Algérie. "Le démantèlement tarifaire nous fait perdre beaucoup d'argent", a-t-il souligné, reprenant l'un des arguments avancés par les experts nationaux pour s'opposer à ce partenariat à l'évidence défavorable aux intérêts du pays. Mais le plus important pour Bakhti Belaïb — aujourd'hui que l'Algérie est frappée de plein fouet par la chute des prix du pétrole, le revenu pétrolier ayant chuté, selon lui, de plus de 57% — est que les Algériens se serrent les coudes pour affronter la tempête. D'où son appel au "patriotisme économique" qui n'a pas convaincu grand monde dans l'assistance, la confiance étant rompue avec "ceux-là mêmes qui ont été incapables de construire une économie productive alors qu'ils en avaient le temps et l'argent. Maintenant, ils veulent faite payer l'addition au peuple", comme résumé par un participant. S. O. A.