L'engagement pris vendredi à Tunis par les représentants des deux Parlements libyens parallèles de Tripoli et de Tobrouk devrait se concrétiser aujourd'hui avec la signature de l'accord onusien devant aboutir à la formation d'un gouvernement d'union nationale. Entre l'enclume et le marteau, représentés respectivement par la pression de la communauté internationale, renouvelée dimanche à Rome lors de la conférence internationale sur la Libye, et la menace du groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique", qui est en train de gagner du terrain, les deux parties libyennes en conflit n'ont plus d'autres choix que de parapher l'accord politique de sortie de crise. Les Libyens sont toutefois tenus de se conformer au contenu des négociations qu'elles ont menées sous l'égide de l'Organisation des Nations unies, du temps de l'envoyé spécial de son secrétaire général en Libye, Bernardino Leon. Ils ont été encouragés dans ce sens par les participants à la réunion de Rome, qui ont réitéré leur "plein soutien pour la mise en œuvre de la résolution 2213 et les autres résolutions pertinentes pour répondre à la menace à la paix, la sécurité et la stabilité de la Libye", pour leur rappeler qu'ils ne peuvent sortir du cadre onusien. C'est, d'ailleurs, la position algérienne réitérée à cette occasion par Abdelkader Messahel, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et des Etats de la Ligue arabe. M. Messahel a affirmé devant ses pairs dans la capitale italienne que "l'Algérie a soutenu et continuera à soutenir le processus onusien de sortie de crise en Libye". Dans cette optique, les participants à cette rencontre ont mis l'accent dans leur communiqué final sur le fait qu'un gouvernement d'union nationale "basé à Tripoli" est "essentiel pour faire face, en partenariat avec la communauté internationale, aux défis critiques auxquels le pays est confronté dans les domaines humanitaire, économique et sécuritaire". "Nous appelons toutes les parties à accepter un cessez-le-feu immédiat et complet dans toute la Libye", ont-ils souligné, tout en réaffirmant leur engagement à fournir une assistance humanitaire aux habitants. Selon l'ONU, 2,4 des 6 millions de Libyens en ont besoin, malgré les importantes ressources pétrolières du pays. Les deux parties libyennes en conflit sont sous la menace de la filiale locale du groupe terroriste "Etat islamique", lequel bien installé sur les côtés libyennes, aurait entamé son opération de progression "vers l'intérieur" du pays avec pour objectif l'accès à des puits de pétrole. C'est du moins ce qu'a déclaré hier le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian : "Ils sont à Syrte, ils étendent leur territoire sur 250 kilomètres linéaires de côtes, mais ils commencent à pénétrer vers l'intérieur et à avoir (une) tentation d'accès à des puits de pétrole et des réserves de pétrole." À en croire des estimations de l'ONU, le groupe Daech en Libye compte 2000 à 3000 combattants, dont 1500 à Syrte, située à 450 km à l'est de la capitale, Tripoli. Une source diplomatique française a indiqué que l'objectif de ces terroristes est de "mettre la main sur les ressources pétrolières", en s'étendant vers Ajdabiya, à 350 km de Syrte, dans une zone où se concentre la plupart des gisements et terminaux pétroliers et gaziers du pays. M.T.