L'auteur de Combats étudiants pour l'indépendance de l'Algérie : Unef-Ugema(55-62), directement concerné par cette séquence historique évoque le mouvement estudiantin de l'époque et son rôle dans le combat pour l'indépendance. Avec un clin d'œil au rôle de l'Unef et des syndicats de la métropole. L'Association Bruits des Mots Arts et lettres de Béjaïa, a invité, samedi dernier au théâtre de la ville, Dominique Wallon pour parler de son livre, Combats étudiants pour l'indépendance de l'Algérie : Unef-Ugema (1955-1962), édité en 2014 chez Casbah Editions. L'auteur, qui a été un des dirigeants de l'organisation estudiantine, l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), a évoqué notamment le soutien, apportée par son organisation au partenaire algérien : l'UGEMA, l'Union générale des étudiants musulmans algériens. Si des ouvrages sont consacrés au mouvement estudiantin algérien, via son porte-drapeau, l'Ugema, notamment en Métropole et un degré moindre en Algérie, rare sont les travaux sur les organisations syndicales, à l'instar de la CGT, de FO ou de l'Unef, qui ont grandement contribué à la structuration et à l'émergence du mouvement syndical algérien, estudiantin plus particulièrement. C'est une lacune, qui vient d'être comblée, avec le livre de Dominique Wallon. D'ailleurs, l'ouvrage est édité d'abord en Algérie avant qu'il ne soit en France. C'est d'ailleurs Boudjemaâ Karèche, l'ancien directeur de la Cinémathèque d'Alger, qui s'est emballé après la lecture du manuscrit de Dominique Wallon, qui l'a encouragé à l'éditer dans le pays de Ferhat Abbès. "C'est un livre pour les Algériens, que tu tiens là". En effet, à travers ce livre, on apprend que le gros des étudiants algériens, qui étaient en France durant la colonisation, étaient adhérents de l'Unef, une organisation, qui était à l'avant-garde et leader de la gauche syndicale. Et ses dirigeants étaient proches de la SFIO (la Section française de l'Internationale socialiste) et par la suite du PSU, le Parti socialiste unifié. Politiquement, l'Unef avait un poids politique. Sur les 200 000 étudiants en France, la moitié était structurée au sein des sections UNEF dans les régions. Dominique Wallon était, quant à lui, président de l'amicale des Elèves de Sciences Po Paris en 1959-1960, vice-président ‘Algérie' de l'Unef en 1960/1961 et président de l'Unef en 1961/1962. Alors qu'un diplômé de Sciences Po, Paris de surcroît, pouvait allègrement franchir les portes de l'Ecole nationale d'administration (ENA), Dominique Wallon en sera privé. Il payera cher son soutien au combat libérateur mené par les Algériens et son engagement pour la fin de la guerre d'Algérie ; plus encore, les prises de position et l'engagement aussi de son organisation, l'Unef, en faveur de la décolonisation mais aussi pour le dialogue avec son homologue : l'Ugema. Surtout que le 18 mai 1956, la section d'Alger de l'Ugema avait lancé un appel à la grève illimitée des cours et appelé tous les étudiants à rejoindre le maquis. Et la tension persistera au point qu'en 1958, indiquera Dominique Wallon, le gouvernement avait dissous l'Ugema, une décision contre laquelle s'élèvera l'Unef et d'autres organisations démocratiques. Et dans la foulée, a poursuivi l'intervenant, le gouvernement procèdera à de nombreuses arrestations des dirigeants de l'Ugema à Paris mais aussi dans de nombreuses villes de province. C'est suite à ces arrestations que le FLN avait décidé que les étudiants algériens en France adhèreraient directement au Front, à l'intérieur d'une section universitaire, dont l'auteur avait eu l'occasion de rencontrer des responsables de 1960 à 1962. M. Ouyougoute