Selon ce spécialiste en marketing ethnique, des industriels se sont engouffré dans la brèche du "religieusement autorisé" appâtés par le potentiel que représentent les musulmans de France, les Maghrébins surtout. Liberté : L'industrie du hallal a pris une grande ampleur en France. Elle a débordé de son cadre traditionnel le secteur agroalimentaire pour conquérir d'autres créneaux comme le tourisme. Comment expliquez-vous cette évolution ? Abbas Bendali : C'est une industrie qui est sortie aujourd'hui du marché de niche dans laquelle elle était cantonnée il y a une vingtaine d'année. Son développement tient surtout au potentiel représenté par les 5 millions de musulmans vivant en France métropolitaine. Ce secteur économique aujourd'hui repose pour l'essentiel sur les produits alimentaires. Effectivement, sous le vocable "halal", pas nécessairement justifié approprié étymologiquement, d'autres secteurs ont tendance à y être englobés parce qu'ils adressent des offres prioritairement à la population d'origine maghrébine et plus largement musulmane. En plus du tourisme religieux avec les pèlerinages à destination des Lieux saints, des propositions de tourisme dites "halal" se développent avec des séjours de villégiature ou de découverte, dans certains pays du Maghreb ou des pays du Moyen-Orient, la Turquie notamment. La promesse tient essentiellement à des vacances familiales, avec une nourriture halal, des lieux de prière ou encore des piscines unisexes. Dans ce sillage, on peut citer également d'autres secteurs comme les médias avec l'offre d'abonnement à des chaînes religieuses, la littérature religieuse avec le développement de librairies spécialisées ou encore la finance islamique, encore à un stade embryonnaire. D'autres secteurs comme les produits cosmétiques ou d'hygiène-beauté, comme le dentifrice "halal", peinent en revanche à trouver leur clientèle. Que représente ce business dans l'économie française et comment est-il perçu par les milieux d'affaires ? Pour la partie alimentaire, il représente 5,5 milliards d'euros, 4,5 milliards pour la consommation à domicile et les achats de viande brute avant tout. Le complément de 1 milliard est réalisé par la restauration hors domicile, notamment la restauration rapide et le snacking. Pour le reste des produits et services, il est encore à un niveau marginal eu égard au poids de l'alimentaire. Qui sont ses animateurs et qu'elles sont ses ramifications dans le monde ? Le secteur est dominé essentiellement par des petites et moyennes entreprises françaises même si de grands groupes comme Maggi, Fleury-Michon ou LDC, sont également actifs dans le domaine des produits alimentaires halal. Le marché français, fort de ses 5 millions de consommateurs potentiels, intéresse évidemment des acteurs étrangers qu'il s'agisse des pays du Maghreb, du Moyen-Orient et de la Turquie notamment qui a un savoir-faire dans l'industrie et les services et qui compte un nombre important de ressortissants en France. Propos recueillis par : S. L. K.