À l'instar de ce qu'il faisait lorsqu'il assumait le rôle de tour de contrôle de la défense des Verts, Madjid Bougherra n'a pas trop hésité à aller au charbon. Sitôt sa retraite sportive annoncée, le Magic a sauté de l'autre côté de la barrière pour faire désormais partie du staff technique de la sélection. Le timing ne pouvait être mieux choisi pour une EN qui s'apprête à se lancer dans l'immense défi de conquérir l'Afrique du football au Gabon. Pour cette sélection en mal de leader sur et en dehors du terrain, le choix de la FAF de mettre Madjid Bougherra au-devant de la scène s'apparente à un judicieux choix qui devrait être doublement bénéfique. Ceux qui s'attendent, peut-être, à ce que l'ancien défenseur des Glasgow Rangers ait son mot à dire dans la composition du onze rentrant, ou aille jusqu'à contester à Georges Leekens ses formules tactiques préférentielles devraient, à ce sujet, tempérer leurs ardeurs. Sans diplômes mais aussi et surtout sans aucune expérience du banc comme entraîneur, Madjid Bougherra n'a pas été "placé" par la FAF pour conseiller ou être un contrepoids à Leekens. Fort d'un long vécu en tant que patron technique, aussi bien en club qu'en sélection, le technicien belge jouit, du reste, de toute la confiance de Mohamed Raouraoua. C'est surtout pour encadrer ses jeunes coéquipiers et jouer le rôle de capitaine du navire que le natif de Longvic a été "rappelé" au sein des Verts. Le naufrage psychologique constaté lors des deux importantes rencontres face au Cameroun et au Nigéria dans les éliminatoires du Mondial-2018 a, à ce sujet, incité Raouraoua à réfléchir à la meilleure façon de (re)booster le groupe et de lui transmettre cette grinta qui est sa marque de fabrique depuis la fameuse épopée de 2009. D'autant plus que la FAF est arrivée à l'amer constat du terrible échec de Carl Medjani dans ce rôle. On pourrait même parler, sans aucun risque de se tromper, d'un échec sur le double plan mental et technique. En voyant comment l'EN s'est effondrée et n'a pu être à la hauteur de sa réputation d'équipe combative et accrocheuse à souhait, on déduit forcément que celui qui était censé être le capitaine, le leader qui mène les troupes et le catalyseur d'énergie n'a pas tenu son rôle. À cette incapacité à tirer le groupe vers le haut et à régénérer sa motivation même dans les moments difficiles, l'autre grief retenu contre Medjani est relatif à ses limites techniques, trop criantes pour être tues, notamment en matière de lecture du jeu ou d'anticipation sur certains faits de matches, comme son impuissance et son inaptitude à faire rapidement remonter le bloc au Nigéria comme l'exhortait Georges Leekens, se rendant coupable d'avoir condamné l'EN à défendre très bas avec le résultat qu'on sait. Le fait que "Cap'tain Bougherra" ait du vécu avec cette génération avec laquelle il a partagé l'inoubliable aventure brésilienne de 2014 le présage à être écouté et respecté par les Brahimi, Mahrez, Feghouli et autres Slimani et Soudani, en particulier de manière à être le véritable patron sans pour autant être sur le terrain. A l'image de ce qu'a fait Cristiano Ronaldo en finale de l'Euro-2016. Rachid BELARBI