L'enjeu économique de la relance de l'industrie du textile en Algérie a été au centre d'une rencontre-débat organisée, hier, en marge du Salon international du textile et de la mode "Textile Expo" qui se tient au Centre des conventions d'Oran. Devant un auditoire épars, la question de la redynamisation de l'industrie du textile a été largement évoquée par Mourad Fodil, consultant et cadre dans diverses sociétés publiques. Ce dernier a rappelé les trois grandes étapes qu'a connues l'industrie du textile, à savoir la période allant de 1965 à 1985, avec une économie protégée, puis de 1985 à 2005, avec une ouverture brutale conduisant à des fermetures massives des entreprises dans toute la filière du textile. La dernière phase de 2005 à nos jours, devant permettre, selon lui, une renaissance et une reconquête du marché local, mais de manière modeste, avec l'objectif de reconquérir 20% du marché de l'habillement ainsi que le renforcement des parts du marché représentées par les corps constitués. L'ampleur de la crise de l'industrie du textile se mesure par les données chiffrées, à savoir une déperdition des ressources humaines, lesquelles, en pleine période de croissance, comptaient plus de 150 000 agents partagés entre 45 000 dans le secteur public et 105 000 dans le privé. Les déperditions ont atteint 67% dans toute la filière, avec 48% pour le secteur public qui résiste à travers quelques complexes encore en activité et 76% pour le secteur privé. L'orateur expliquera que la volonté des pouvoirs publics est de revenir à un niveau quasi identique d'emploi. Et pour cela, des réformes importantes devront être entreprises, ainsi qu'un certain nombre de mesures à prendre. Parmi les solutions envisagées, une adaptation et une mise à niveau technologique, notamment dans le domaine du tissage où les équipements sont totalement dépassés, et la formation compte tenu des évolutions des équipements justement. Seuls des investissements publics peuvent être attendus dans ce domaine, expliquera l'intervenant. L'écueil de la disponibilité de la matière première devant trouver des solutions à long terme. Aujourd'hui, le coût des importations de matières premières s'élève à 8 milliards de dinars alors que le marché national est estimé à 160 milliards de dinars et que les besoins en confection et en habillement sont de l'ordre de 150 millions d'articles annuellement. L'industrie du textile dans sa configuration actuelle, avec beaucoup d'ateliers de type familial, pour le secteur privé, ne couvre que 10% des besoins nationaux. Si, du côté de la Fédération des travailleurs du textile et du cuir, on prône la mise en place de partenariat public/privé, d'autres professionnels du secteur militent, quant à eux, pour une politique de partenariat par la sous-traitance et la co-traitance. La globalisation de la filière textile, dominée par les pays asiatiques, imposera la recherche de marchés à l'étranger, mais uniquement dans la filière tissu de draperie et tissu écru, comme l'expliquera l'intervenant. L'autre objectif est de se lancer dans la création avec l'émergence de styliste et le modélisme et surtout la recherche et l'innovation. Quant aux mesures de soutien et d'accompagnement des pouvoirs publics, elles ont été évoquées globalement par la représentante de l'Andi, qui sera suivie avec attention par nombre d'opérateurs tunisiens notamment. Cette dernière rappellera la nouvelle décision de créer quatre directions au niveau local pour faciliter le rapprochement avec les investisseurs qui bénéficieront d'avantages accrus pour les régions des Hauts-Plateaux et du Grand-Sud. D. LOUKIL