Au niveau de la DGSN, une cellule similaire est également chargée de veiller à toute tentative malveillante sur Internet et qui pourrait usurper la fonction d'enseignant chargé de confectionner les sujets et/ou de diffuser des copies via les réseaux sociaux. Les épreuves du baccalauréat débutent demain. Le spectre des fuites des sujets plane. Il préoccupe les élèves, leurs parents et la famille de l'Education nationale, en général. Malgré les assurances de la ministre de tutelle, Nouria Benghabrit, l'opinion nationale demeure craintive, voire sceptique, quant à la parade déployée par les pouvoirs publics pour faire face à la fuite organisée des sujets sur les réseaux sociaux, d'une part, et les tentatives de déstabilisation des malfaiteurs qui multiplient leurs sorties sur le Web, d'autre part. Contrairement à l'année précédente où le ministère de l'Education nationale a été pris de court par les associations de malfaiteurs constituées à partir des imprimeries et des centres d'examen pour diffuser les sujets du baccalauréat, Mme Benghabrit a anticipé les choses par la mise en œuvre d'un dispositif préventif et répressif pour parer à tout acte malveillant, et qui ciblerait les candidats et leur intégrité morale. En effet, au lendemain du scandale lié aux fuites organisées à travers plusieurs wilayas du pays et qui a buté sur une nouvelle session de cet examen, Mme Benghabrit a réuni ses collaborateurs pour tirer les enseignements de cette catastrophe nationale. Pour cette année, le ministère de tutelle a instauré une commission mixte constituée des responsables chargés de la confection des sujets du baccalauréat, des responsables des imprimeries et de leur stockage (mis sous scellés), des chefs de centres d'examen et de correction, mais aussi des services de sécurité (Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) et de la Gendarmerie nationale). En amont, Mme Benghabrit supervise, depuis avril dernier, la mise en œuvre de ce plan préventif afin d'assurer le bon déroulement des examens de fin d'année, comme elle a responsabilisé ses collaborateurs à veiller au respect de la chaîne de confection, d'impression, d'acheminement et de distribution des sujets. En aval, ce sont plutôt les services de sécurité qui ont mis en place, dans un premier temps, en coordination le ministère de tutelle, des caméras de surveillance au niveau des imprimeries et directement rattachées aux salles de trafic de la DGSN et de la GN. Dans un second temps, les mêmes services ont mis en œuvre des cellules de veille chargées de la lutte contre la cybercriminalité. Au niveau de la GN, c'est le Centre de prévention et de lutte contre la criminalité informatique et la cybercriminalité (CPLCIC), situé à Bir Mourad-Raïs, qui a mis en place un important dispositif de veille contre les cyberattaques et chargé d'intercepter toute tentative de diffusion des sujets sur les réseaux sociaux. Cet organe, créé en 2009, recèle des compétences, à savoir des cybergendarmes formés aux Etats-Unis d'Amérique et au Canada (officiers et sous-officiers). Au niveau de la DGSN, une cellule similaire est également chargée de veiller à toute tentative malveillante sur Internet et qui pourrait usurper la fonction d'enseignant chargé de confectionner les sujets et/ou de diffuser des copies via les réseaux sociaux. Pour une première évaluation, ce dispositif a donné ses fruits et, jusqu'ici, aucun sujet (examen de 5e et BEM) n'a fuité sur Internet, sauf, bien sûr, la publication de faux sujets. Cette parade, qui s'apparente à de la cyberdéfense, a dissuadé les malfaiteurs, d'autant que ces cellules de veille communiquent en temps réel avec le ministère de tutelle et le procureur de la République territorialement compétent à chaque fois qu'il y a suspicion sur une adresse IP (Internet Protocol). Passible de justice, voire de prison, le cybercrime relève, désormais, du pénal. Le durcissement des peines inhérentes au cybercrime touche non seulement la fuite d'un sujet d'examen, mais également l'intention de nuire et/ou de menacer la stabilité du déroulement d'un examen. La circonstance est d'autant plus aggravante et les tribunaux sont chargés d'"aggraver les peines pour les infractions ordinaires lorsqu'elles sont commises au moyen d'un système informatique", quand bien même le sujet diffusé par son auteur est un faux. FARID BELGACEM