"Est-il de l'intérêt de l'Algérie de voir quelques parties manigancer sans conscience pour compromettre certains retraités et les manipuler à des fins qui ne servent ni leurs intérêts ni l'intérêt de leur patrie (...)", s'est interrogé, accusateur, Gaïd Salah. C'est avec des mots crus que le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, est revenu hier sur le mouvement de protestation des retraités de l'armée. En visite de travail et d'inspection aux secteurs et unités de la 6e Région militaire à Tamanrasset, Ahmed Gaïd Salah a saisi l'occasion pour prononcer un discours foncièrement accusateur qui sera aussitôt retransmis au journal télévisé de la mi-journée de l'ENTV. "Est-il de l'intérêt de l'Algérie de voir quelques parties manigancer sans conscience pour compromettre certains retraités et les manipuler à des fins qui ne servent ni leurs intérêts ni l'intérêt de leur patrie. Ces parties qui veulent et qui œuvrent, à travers certaines plumes aux intentions malveillantes, à faire aboutir leurs projets de porter atteinte à notre patrie l'Algérie, qui demeurera, à jamais et malgré eux, grande et digne de relever tous les défis et de consolider davantage la sécurité et la stabilité, poursuivant son parcours de développement ambitieux", a-t-il martelé. Un peu plus loin dans son discours, le vice-ministre de la Défense nationale n'accusera plus des "parties", mais plutôt un seul individu qu'il ne citera pas nommément, lorsqu'il dira "celui qui emploie ces plumes et abuse de ces tribunes est parfaitement conscient de ses desseins pernicieux, avec lesquels il œuvre désespérément à nuire aux grandes évolutions que connaît l'Armée nationale populaire, en omettant, voire en ignorant, que nul ne pourra tromper ceux qui ont l'intime conviction que le bon citoyen conscient, loyal et honnête est celui qui s'interroge toujours sur ce qu'il a apporté à sa patrie avant de demander ce que la patrie lui a donné". Le 29 janvier dernier, le ministère de la Défense nationale réagissait pour la première fois au mouvement de protestation des radiés et des retraités de l'armée en publiant un communiqué sur son site Internet. Il accusait des "individus" de vouloir "semer le doute" et d'"induire en erreur l'opinion publique". Le MDN évoquait également "l'apparition de plumes s'autoproclamant défenseurs des préoccupations des éléments de l'Armée nationale populaire avec l'intention de manipuler ce dossier à des fins personnelles". Hier, c'était Ahmed Gaïd Salah, lui-même, qui revenait à la charge de manière beaucoup plus poignante. Le ton ferme et le verbe réprobateur, le chef d'état-major de l'armée laissait clairement entendre que le mouvement de protestation initié par une catégorie de son personnel n'avait rien de spontané. Parce que parler de "manigancer sans conscience pour compromettre certains retraités et les manipuler" revient à dire qu'il s'agit d'un complot. Et si les faits sont réellement comme les présente Ahmed Gaïd Salah, il convient de faire toute la lumière sur cette affaire et d'apporter plus d'éclaircissements. Parce que porter d'aussi graves accusations contre des parties, un ou des "individus", sans pour autant le ou les identifier, participerait surtout à créer un climat de suspicion générale dans le pays. Mehdi Mehenni