Si des pays optent essentiellement pour les solutions militaires, la majorité des pays africains confrontés au terrorisme en expansion plaident pour des stratégies globales incluant des solutions socioéconomiques pour l'éradiquer en s'attaquant à ses racines. Le Sahel inquiète jusqu'à l'Europe occidentale qui craint une contamination avec la détérioration de la situation sécuritaire accentuée par la prolifération des armes issues de l'arsenal libyen mais aussi et surtout le retour des combattants de Syrie et d'Irak qui trouveraient refuge notamment en Libye. Il en est aussi de l'appréhension que suscite cette fusion entre les groupes terroristes maliens sous la coupe d'Iyad Ag Ghali avec l'autoproclamé Etat islamique (Daech), qui a signalé sa présence par la revendication des attentats du centre du Mali et sa déclaration d'alliance avec le chef d'Ansaru al-sunna, né de la fusion de cinq groupes terroristes sahéliens. Cela explique l'inscription du sujet de la sécurité au Sahel à la Conférence sur la sécurité de Munich en Allemagne qui s'est ouverte vendredi dernier et à laquelle sont invité des chefs d'Etat et ministres de pays de la région. L'insécurité au Sahel, qui, estime-t-on, fait partie des grands sujets de l'année, est devenue une sérieuse source de préoccupation pour l'Europe qui est devenue une cible principale ou à travers ses intérêts. La présence de plusieurs responsables politiques et de sénateurs américains à cette rencontre qui se termine aujourd'hui dénote de l'intérêt que portent ces pays à cette question majeure qui représente la principale menace pour la paix dans le monde. Des experts ainsi que des ONG ont été également invités à cette rencontre où seront exposées les différentes approches sécuritaires et globales de lutte contre le terrorisme. Mais si des pays optent essentiellement pour les solutions militaires, la majorité des pays africains confrontés à ce phénomène en expansion plaident pour des stratégies globales incluant, outre l'option militaire, des solutions socioéconomiques pour l'éradiquer en s'attaquant à ses sources. Une option qui semble avoir eu l'écho de Munich, puisqu'une cinquantaine de patrons de grandes entreprises, donc de potentiels investisseurs dans les pays du Sahel, prennent part à la rencontre. Le ministre togolais des Affaires étrangères, qui a alerté sur la prolifération des armes depuis l'effondrement de la Libye, a insisté sur la nécessité de soutenir les pays directement touchés par le terrorisme, notamment le Mali, le Niger et le Burkina Faso. "Ces pays ont besoin d'être soutenus par les partenaires présents à Munich", a-t-il souligné. Même s'il n'a pas été explicitement évoqué, le G5 Sahel est présent à travers la participation de chefs d'Etat et de ministres des pays du Sahel mais aussi par la France, représentée par sa ministre de la Défense, Florence Parly, qui co-préside avec son homologue allemand ce sommet. Et étant derrière l'initiative du G5 Sahel, la France s'attache à réunir les moyens nécessaires pour déployer les 5000 hommes de cette force devant à terme remplacer la force française Barkhane. Mais cette force a besoin non seulement de moyens matériels mais aussi de formation pour l'adapter au combat contre les groupes terroristes. Une lacune et un handicap dont souffrent les armées des pays de la région qui ne peuvent pas faire face aux terroristes. La présence militaire française et américaine n'ont pas suffi pour neutraliser les terroristes qui, au contraire, ont étendu le territoire de leurs attaques. Pour l'instant, la France a réussi à arracher des promesses d'aides, notamment des USA, de l'Arabie saoudite et du Japon. Il lui reste à convaincre ses partenaires de l'UE d'adhérer à son initiative. C'est là, entre autres, la mission de Florence Parly. Djilali B.