La stratégie 2030 de la compagnie renvoie à la question de sa dépendance vis-à-vis des bureaux d'études étrangers. Son P-DG vient de conforter cette dépendance qui coûte énormément à la compagnie. Le P-DG de Sonatrach, Abdelmoumène Ould Kaddour, vient d'afficher sa préférence américaine. Rachat de la raffinerie Augusta en Italie auprès de la multinationale américaine Exxon Mobil, stratégie 2030 de la compagnie pétrolière nationale et loi sur les hydrocarbures confiées à des bureaux d'études américains... On savait que le nouveau patron de Sonatrach est très proche des Américains. Mais on ne pouvait deviner qu'en une période aussi courte, des projets aussi stratégiques pour l'avenir du secteur des hydrocarbures algérien et, du coup, de l'économie nationale allaient être confiés aussi rapidement à des bureaux de consulting américains : BCG et Mac Kinsey pour le premier document, Curtis, Mallet Prevost, Colt et Mosle LLP pour le second. Ces faits soulèvent plusieurs interrogations. D'une part, la stratégie 2030 renvoie à la question de la dépendance de Sonatrach à l'égard des bureaux d'études étrangers. Ould Kaddour vient de conforter cette dépendance qui coûte énormément et qui est, en partie, responsable de la hausse de la facture des importations de services. N'aurait-on pas pu confier ce chantier et celui de la loi sur les hydrocarbures exclusivement à l'intelligence algérienne, en Algérie ou ailleurs ? D'autre part, les mauvaises langues disent que BRC, la société mixte entre Sonatrach et l'américaine Brown and Root Condor, dirigée à l'époque par Ould Kaddour, accusé de surfacturation, emprisonné puis blanchi par le pouvoir en place, était une coquille vide. Une boîte en quelque sorte américaine, puisque l'essentiel du travail, c'est-à-dire l'ingénierie des gros projets décrochés par cette joint-venture (hôpitaux militaires, base aérienne de Tamanrasset) se faisait, selon ces sources, aux Etats-Unis. Si l'on en croit ces informations, on pourrait penser qu'Ould Kaddour veut reproduire le même schéma où la décision pourrait se prendre à Houston et non à Alger. Faute d'indices probants, nous n'irons pas jusqu'à dire pour l'instant qu'Ould Kaddour est l'homme des Américains. Mais l'opinion doit garder l'œil vigilant sur les futures décisions d'Ould Kaddour. Il faut reconnaître cependant que l'expertise américaine dans le secteur pétrolier est la meilleure au monde et que les compagnies US sont leaders en matière de technologie, de savoir-faire et d'équipements dans le domaine du pétrole et du gaz. L'expérience américaine dans le domaine du pétrole et du gaz de schiste est unique. Au stade actuel de l'évolution de la compagnie pétrolière nationale, elle a besoin de cette expertise, de ces technologies et de cette expérience. Le passé plaide pour cette orientation. Il ne faut pas oublier que c'est le rush des compagnies américaines essentiellement dans les années 90 qui est à l'origine des principales découvertes des deux dernières décennies et qui est à la source en bonne partie de l'aisance financière de l'Algérie dans les années 2000. Mais de là à encourager l'avènement d'une situation où Sonatrach devient uniquement le réceptacle d'équipements et de services américains, cela reste une perspective inquiétante. L'autre inquiétude est l'influence que pourraient exercer les multinationales américaines sur la prise de décision à Sonatrach. Avec l'arrivée du n°1 mondial du pétrole d'Exxon Mobil en Algérie et sans doute d'autres compagnies US, la question pourrait se poser, d'où la nécessité de diversifier les partenaires dans l'attribution des marchés de la compagnie pétrolière nationale. K. Remouche