Les Algériens semblent se désintéresser de plus en plus des boissons gazeuses. Ce qui était, de par le passé, le "dessert" des familles algériennes est désormais abandonné et remplacé progressivement par les jus et l'eau. Un nouveau mode de consommation s'installe ainsi dans la société. Cependant, ce changement dans le choix des consommateurs n'a pas été sans conséquence sur le marché national et les producteurs de sodas. Durant le premier semestre de l'année 2018, il a été constaté une régression du volume des boissons gazeuses consommé. Autant de parts de marché reprises aussitôt par les jus et les eaux embouteillées. Ce recul estimé à près de 4% peut s'expliquer, avoue Ali Hamani, président de l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab), par le prolongement de la saison hivernale qui s'est étalée jusqu'au début du mois de juin. Les premières grandes chaleurs n'ont été ressenties, d'ailleurs, qu'à la mi-juillet. La baisse des ventes serait également due aux modifications apportées par les fabricants dans les contenants du produit, marquées par la mise en vente de canettes et de bouteilles moins volumineuses. En termes plus clairs, les opérateurs s'adaptent aux besoins du marché. Les consommateurs ont tendance, en effet, à diminuer le volume qu'ils consomment et à réduire, par la même, la quantité de sucre, des acides et autres composants introduite dans le contenu. Quoique plusieurs producteurs aient déjà pris en compte la demande des consommateurs qui optent davantage pour les produits de qualité. D'autres spécialistes parlent aussi d'un phénomène de stagnation de la filière boissons sous l'effet de l'inflation et de la diminution du pouvoir d'achat des ménages algériens. Les Algériens consomment, faut-il le noter, 110 litres de boissons par personne et par an, selon des statistiques avancées par des experts. Dans le détail, c'étaient auparavant les boissons gazeuses qui arrivaient en tête avec près de 54 litres par personne et par an, suivies de l'eau avec 36 litres et des jus avec 15 litres. D'autres sources déclarent que l'Algérien consomme près de 57,4 litres de boissons par an, dont 22,2 litres de boissons gazeuses. La production globale dans ce secteur tourne autour de 4,5 milliards de litres par an couvrant 98% de la consommation nationale. Le chiffre d'affaires de la filière se situe entre 250 et 260 milliards de dinars avec 20 000 postes d'emplois directs et 60 000 autres indirects. L'on recense, au sein de ce créneau, près de 500 producteurs de boissons. Plus de 80% des parts de marché sont détenues par une quarantaine de producteurs seulement. Avec toutes les exigences du marché, M. Hamani estime qu'une décantation se fera prochainement entre les vrais professionnels et les producteurs indélicats. Car, selon la Fédération algérienne des consommateurs, 10% des producteurs de boissons gazeuses et de jus de fruits activent clandestinement et ne possèdent pas de registre du commerce. Ces producteurs constituent un danger permanent pour les consommateurs, parce qu'ils utilisent des produits cancérigènes dans la fabrication des boissons mises sur le marché, sans passer par les laboratoires de contrôle de la qualité. B. K.