La Chine semble vouloir s'impliquer fortement dans le projet d'exploitation et de transformation du phosphate de Tébessa. Ses banques vont y apporter de gros capitaux, assurant son financement à hauteur de 80%. Le coût du projet est supporté par les actionnaires de la société mixte, auxquels a été confiée la réalisation du complexe de phosphate, au prorata de leur participation. La partie chinoise, comprenant le groupe Citic, le Fonds de la Route de la soie (créé par la Chine en décembre 2014), le Fonds sino-africain pour le développement, ainsi qu'un technologue à intégrer dans le processus de réalisation de l'usine, détient 49% de parts dans le projet. Elle cherche à mutualiser ses efforts pour financer le projet. Quant à l'actionnaire algérien, il va également mettre la main à la poche, non sans recours à la garantie de l'Etat. Autrement dit, il va intervenir financièrement, sous l'aile protectrice de l'Etat, et avec l'argent de celui-ci. L'argent provient, en fait, de la planche à billets. En effet, une partie d'un montant de l'ordre de 735,2 milliards de dinars issu de cette machine à sous et affecté au Fonds national d'investissement (FNI) sera destinée au financement de ce complexe. Les négociations pour la création de la société mixte sont à un stade "très avancé", selon Ferhat Ounoughi, conseiller auprès du groupe Sonatrach, qui s'exprimait lors d'une journée d'étude sur les besoins en ressources humaines qualifiées pour ce mégaprojet, organisée jeudi dernier à Alger. Ounoughi est chargé par le gouvernement de mener ces négociations au nom de la partie algérienne. De son côté, le P-dg du groupe Manal, Tahar-Chérif Zerarka, a expliqué, lui, que cette société mixte devrait voir le jour durant le premier trimestre 2019, après l'accomplissement de toutes les procédures légales nécessaires, notamment celles liées au Conseil des participations de l'Etat (CPE). Cette joint-venture s'attellera, durant les six mois qui suivront sa création, à la mobilisation des fonds nécessaires et au choix d'un opérateur EPC (Engineering, Procurement and Construction/ Ingénierie, Approvisionnement et Construction). Les travaux, qui seront lancés courant 2019, devraient prendre 42 mois, et la complexité du projet nécessitera, par ailleurs, des infrastructures connexes (extension du port d'Annaba, stations de dessalement de l'eau de mer, lignes ferroviaires...) dont le coût global est estimé à 790 milliards de dinars. Le mégaprojet intégré d'exploitation et de transformation du phosphate et du gaz naturel s'étend sur cinq wilayas de l'est du pays (Tébessa, Souk Ahras, El-Tarf, Skikda et Annaba) avec des effets indirects sur les wilayas voisines (Guelma, Jijel, Constantine, Oum El-Bouaghi, Khenchela et El-Oued). Il est réparti sur quatre sites-clés : les gisements de Bled El-Hadba/Bir El-Ater (Tébessa), la plateforme d'Oued Kebrit (Souk Ahras), celle de Hadjar Essoud (Skikda) et le port d'Annaba. Un groupe de travail composé de représentants des ministères, respectivement de l'Industrie et des Mines et de la Formation et de l'Enseignement professionnels, a été installé, afin de recenser l'ensemble des besoins en matière de qualification pour ce mégaprojet et d'élaborer des plans de formation pour satisfaire ses besoins en ressources humaines. Youcef Salami