Le report des élections de la LFP a entraîné une transition implicite avec sa tête le même président sortant, Abdelkrim Medouar, et le secrétaire général, Omar Aourir, qui sont chargés de gérer les affaires courantes jusqu'à l'organisation du scrutin sur décision de la FAF. Or la date des élections n'est pas encore fixée. Décryptage. Abdelkrim Medouar est-il un président illégal de la Ligue de football professionnel, après l'expiration de son mandat olympique ? La question mérite d'être posée, dans le mesure où le processus de renouvellement de la LFP devait aboutir à l'organisation de nouvelles élections juste après l'assemblée générale ordinaire qui a vu les bilans, moral et financier, de l'équipe dirigeante adoptés à l'unanimité jeudi dernier, par les membres de l'assemblée générale. Du reste, les membres de l'AG ont élu une commission électorale (recueil de candidatures et recours), en prévision des prochaines élections d'un nouveau bureau exécutif et d'un président dont la date sera communiquée ultérieurement. Ces élections concerneront seulement la nouvelle composante de Ligue 1, à savoir 20 clubs. De coutume, le délai entre les deux AG ne dépasse pas un mois, mais au train où vont les choses, les élections de la ligue ne seront pas organisées avant avril 2021. Du coup, une transition implicite voit le jour avec à sa tête le même président de ligue sortant, Abdelkrim Medouar, et le secrétaire général de la ligue, Omar Aourir, qui sont chargés de gérer les affaires courantes jusqu'à l'organisation du scrutin. Selon nos informations, la FAF a délivré à Medouar une dérogation pour gérer l'intérim de la LFP. Pourquoi ? Note du MJS et décision du BF La première raison est liée à la note méthodologique du ministère de la Jeunesse et des Sports, datée du 16 septembre dernier, relative au processus de renouvellement des instances des structures d'organisation et d'animation sportives locales. Cette note fixe les dates des assemblées générales ordinaires (AGO) et des assemblées générales électives (AGE) pour chaque club sportif amateur, ligue de wilaya, ligue régionale, ligue nationale, fédération sportive nationale et Comité olympique et sportif algérien. Pour les ligues nationales, les fédérations sportives nationales, c'est du 15 janvier au 15 avril. C'est-à-dire que la LFP a largement le temps pour se conformer à cette note du MJS. Cependant, la tutelle précise dans sa directive que "chaque structure d'organisation et d'animation sportive" doit "tenir en deux étapes successives : une assemblée générale ordinaire réservée au traitement des bilans moraux et financiers de fin d'exercice et de fin de mandat; une assemblée générale exclusivement élective dans un intervalle maximal de quinze jours doit être prévue entre l'organisation de l'assemblée générale ordinaire et l'assemblée générale élective, conformément aux statuts et règlements intérieurs de chaque structure sportive. À ce titre, il s'agit de veiller à l'application stricte des dispositions statutaires et réglementaires en vigueur". L'intervalle de 15 jours ne sera donc pas respecté dans notre cas en l'occurrence. La seconde raison concerne la dernière décision du bureau fédéral de la FAF, début août dernier, de donner délégation aux actuels présidents des ligues nationales pour gérer lesdites ligues jusqu'au renouvellement de leurs mandats avec l'organisation de l'assemblée générale élective (AGE). "En raison de la pandémie de coronavirus (Covid-19), les différentes associations nationales, dont le mandat est arrivé à terme, n'ont pu organiser leur assemblée générale ordinaire (AGO), lesquelles seront suivies des AGE", avait expliqué la FAF. Medouar piégé Cependant, là aussi, le bureau fédéral a-t-il les prérogatives d'autoriser une telle "transition exceptionnelle", surtout lorsqu'on sait que le président sortant peut être candidat à sa propre succession ? Enfin, la troisième raison est liée aux statuts de la nouvelle Ligue du football professionnel qui ne sont pas prêts, dans le mesure où la LFP ne gérera désormais que la Ligue 1 avec 20 clubs (2020-2021) et avec 18 clubs (2021-2022) à la faveur du dernier changement du système de compétition. La commission spécialisée de la FAF a semble-t-il déjà finalisé les amendements nécessaires avant de les présenter au bureau fédéral pour adoption. Entre-temps, Medouar continuera à gérer les affaires courantes de la LFP dans un total flou réglementaire. Il devra néanmoins quitter raisonnablement son poste s'il décide de se porter candidat aux élections de la LFP, laissant le SG, Omar Aourir, gérer seul la transition. C'est également, expliquent les observateurs, une façon pour la FAF de mieux maîtriser – piéger serait le mot juste – Abdelkrim Medouar, qui ne cache pas son ambition de briguer un mandat, non pas à la LFP mais plutôt à... la FAF. Désormais, Medouar devra choisir et du coup dévoiler ses cartes !