La marche d'hier n'a pas dérogé à celle de vendredi passé puisqu'elle a réitéré, en particulier, l'exigence de la libération des détenus d'opinion et des activistes du hirak. "Ceux qui ont misé sur l'essoufflement du Hirak ont eu tort. La mobilisation citoyenne autour des revendications fondamentales du mouvement populaire est intacte et chaque vendredi apporte son lot de démentis cinglants aux accusations infondées visant ses activistes les plus engagés." Par ces propos, Adel, qui prenait part aux marches du vendredi depuis le 22 février 2019 à Constantine, a tenu à exprimer son ras-le-bol face à la multiplication des harcèlements judiciaires et des interpellations policières dont font l'objet les hirakistes. "En ciblant les journalistes et les libres penseurs, le pouvoir a franchi des limites inadmissibles, contredisant son propre discours et discréditant d'emblée sa feuille de route", enchaîne-t-il, en citant l'exemple de la condamnation de l'islamologue Saïd Djabelkhir et la mise sous mandat de dépôt du journaliste de Liberté Rabah Karèche. Et justement, la marche d'hier à Constantine n'a pas dérogé à celle de vendredi passé puisqu'elle a réitéré, en particulier, l'exigence de la libération des détenus d'opinion et des activistes du Hirak. En témoigne la multitude de pancartes appelant à libérer "les otages de la révolution". Une marche massivement suivie par les Constantinois qui ont sillonné en boucle l'itinéraire traditionnel depuis la place mitoyenne du centre culturel Mohamed El Aïd-El Khalifa et qui n'a pas cessé de grossir au fil des minutes, tellement l'afflux de citoyens des quatre coins de la ville était ininterrompu. Les slogans repris aux quatre coins du pays sont scandés par les manifestants qui ne semblaient guère éprouver une quelconque fatigue en raison du jeûne. Des slogans tournés également vers le rejet catégorique de l'échéance électorale du 12 juin prochain, "le changement radical à travers le départ de toutes les figures du système politique en place, et non pas les rafistolages de façade", comme c'était écrit sur l'une des banderoles, l'indépendance de la justice, la libération des détenus d'opinion et des activistes du Hirak emprisonnés et surtout "l'instauration d'un Etat civil" largement reproduit sur les pancartes portées par les marcheurs. Pour Larbi, un retraité qui ne rate aucune marche du vendredi à Constantine, "le pouvoir est aux abois et est en train de jouer ses dernières cartes d'intimidation. Les menaces à peine voilées contenues dans le communiqué qui a sanctionné la dernière réunion du Haut conseil de sécurité n'ont pas eu raison de la détermination du peuple qui adhère de plus en plus au Hirak". Pour lui, le mouvement populaire est, néanmoins, condamné à s'auto-organiser et à passer à de nouvelles formes de revendications car "les décideurs profitent de cette brèche pour stigmatiser le Hirak et manœuvrer pour diviser ses rangs".