La Chine, qui partage 76 km de frontière avec l'Afghanistan, a indiqué hier qu'elle souhaitait des "relations amicales" avec les talibans, au lendemain de la prise de Kaboul par les insurgés. Pékin "respecte le droit du peuple afghan à décider de son propre destin et de son avenir", a affirmé devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying. "Les talibans ont indiqué à plusieurs reprises leur espoir de développer de bonnes relations avec la Chine", a relevé Mme Hua. La porte-parole a par ailleurs précisé que l'ambassade de Chine à Kaboul "continue de fonctionner normalement". La Chine, qui a rapatrié début juillet 210 de ses ressortissants d'Afghanistan, a appelé les nouvelles autorités à assurer la sécurité de ceux restés sur place. Le pouvoir chinois a, ces dernières semaines, qualifié d'"irresponsable" le retrait américain d'Afghanistan, craignant par-dessus tout une guerre civile à outrance chez son voisin. Face au risque de chaos afghan, le pouvoir chinois a entamé dès septembre 2019 des discussions avec les talibans, dont une délégation avait été reçue à l'époque en Chine. Du côté russe, l'ambassadeur de Russie à Kaboul va rencontrer aujourd'hui les talibans, a annoncé hier l'émissaire du Kremlin pour l'Afghanistan, Zamir Kaboulov. "L'ambassadeur russe (Dmitri Jirnov) est en contact avec les talibans. Demain, il va rencontrer leur coordinateur pour la sécurité" pour évoquer notamment les questions liées à la sécurité de l'ambassade de Russie à Kaboul, a indiqué M. Kaboulov à la radio Echo de Moscou. Les talibans "assurent déjà la sécurité du périmètre extérieur de l'ambassade russe. Demain, ils vont discuter des détails pour le long terme", a-t-il précisé. Selon M. Kaboulov, la reconnaissance ou non par la Russie du nouveau pouvoir afghan "va dépendre de ses agissements". "Nous allons regarder attentivement à quel point leur approche de la gouvernance du pays sera responsable (...). Et les autorités russes vont en tirer les conclusions nécessaires", poursuit le diplomate russe. "Aussi étonnant que ce soit, la situation est calme actuellement" à Kaboul, a assuré M. Kaboulov. L'Afghanistan se trouvait lundi aux mains des talibans après l'effondrement des forces gouvernementales et la fuite à l'étranger du président Ashraf Ghani. La vitesse à laquelle les talibans ont pris le pouvoir a été "une surprise" pour la Russie, a reconnu M. Kaboulov. "Nous avons surestimé les forces armées de l'Afghanistan, a-t-il ajouté. Et ils ont tout lâché dès le premier tir."