À Tizi Ouzou, et un peu partout en Kabylie, le naufrage incroyable de la JS Kabylie continue à susciter bien des remous et surtout des interrogations qui, de surcroît, ne trouvent même pas la moindre réponse. Il est vrai que le nouveau crash (et c'en est un !) du leader à domicile aura tout à la fois surpris et choqué tous les inconditionnels kabyles qui n'arrivent pas à comprendre le pourquoi d'une telle dépression à un moment crucial de la saison où la JSK se devait pourtant d'accélérer ou tout au moins maintenir la cadence dans cette droite ligne menant vers le titre national. Après avoir contracté une assurance appréciable de huit points sur son poursuivant immédiat l'USM Alger, voilà que la formation kabyle gaspille stupidement six points dans son jardin habituel du 1er-Novembre (CRB 1-2 puis ASO 0-1) et voit désormais l'USMA qui pointe dans le rétroviseur à deux longueurs seulement de différence. Mais au-delà de la cagnotte qui s'amenuise de jour en jour, un peu partout en Kabylie, l'on ne comprend pas le pourquoi d'une telle culbute aux conséquences néfastes puisque le ressort est quelque peu cassé. Le coach français Jean-Yves Chay, qui est parti décompresser pour trois jours auprès des siens en France, ne veut guère verser dans un affolement démesuré et pense que certains joueurs font l'objet d'une légère usure psychologique. “En football, une saison est souvent parsemée d'embûches et de passages à vide, et la JSK paye là le prix d'un parcours démentiel, sur tout ce qui s'est passé et ce qui viendra, dira-t-il. Je pense que les joueurs n'arrivent pas à supporter la grosse pression qui leur pèse sur les épaules et cette pression semble hétérogène, c'est-à-dire qu'elle est diversement supportée par les uns et les autres et cela s'est traduit malheureusement par la perte regrettable de six points à domicile.” Chay compte remobiliser les troupes pour ces fameuses 8es de finale de la Ligue des champions face au Raja de Casablanca pour tenter de redresser la situation et repartir de plus belle puisque la JSK ne reprendra la compétition nationale qu'après les deux manches africaines face au Raja, soit le 23 avril à Alger et le 30 au retour à Casablanca. De son côté, le président de la JS Kabylie, Mohand Chérif Hannachi, était visiblement abattu après une telle déroute. “Les joueurs étaient inertes, cloués sur le terrain. Je n'ai rien compris alors qu'ils ont assez bien tourné trois jours avant à Annaba. Mais, il faut bien admettre que l'équipe joue quelque peu crispée à domicile où le public est souvent hostile. Pour preuve, face à l'ASO Chlef, l'équipe a été conspuée alors qu'il restait encore dix minutes à jouer et que tout était encore possible avec un peu plus de soutien moral”, dira Hannachi qui compte se réunir aujourd'hui même avec ses joueurs pour tenter de diagnostiquer le mal afin d'apporter une thérapie de choc avant d'entamer une préparation spéciale pour affronter, tel qu'il se doit, le Raja de Casablanca. De leur côté, les joueurs kabyles sont encore sous un état de choc et il n'était guère facile de les joindre, lesquels étaient au repos hier encore, et devraient reprendre le chemin de l'entraînement aujourd'hui au stade du 1er-Novembre avant de rentrer en stage de regroupement, à compter de mercredi prochain, à l'hôtel du Port de Sidi Fredj et de s'entraîner régulièrement au stade du 5-Juillet. L'international libyen Omra Daoud, l'un des rares joueurs qui n'a pas totalement sombré face à l'ASO Chlef, estime que “la grosse pression qui s'abat sur les joueurs a eu des conséquences négatives sur le rendement de l'équipe, surtout à Tizi Ouzou où le public est trop exigeant. Sinon, comment expliquer que nous avons réussi, tout récemment encore, de bonnes prestations en Coupe d'Afrique face au Zanaco de Zambie, au stade du 5-Juillet, ou encore à Annaba en championnat”. Visiblement traumatisé par un tel cauchemar, l'excellent milieu de terrain Nassim Hamlaoui semblait encore abattu, hier, à un tel point qu'il avait bien du mal à exprimer toute sa douleur : “Certes, L'équipe accuse une certaine baisse de régime en cette fin de saison, mais il faut bien admettre que le public ne nous a guère ménagés ces derniers temps. Dites-vous bien que dès ma première prise de balle, j'ai été insulté, alors comment jouer sereinement dans de telles conditions ? Dans un tel climat, toute l'équipe évolue avec la peur au ventre et ce phénomène n'apparaît qu'à domicile puisque nous jouons plus à l'aise à l'extérieur. Avec un public aussi hostile, il vaut mieux jouer à huis-clos.” Et en attendant que les cicatrices se referment quelque peu, la JSK tente de soigner les plaies et de recharger les accus, car la fin de saison s'annonce tout aussi chargée que délicate puisqu'elle fera face à trois fronts : Coupe d'Afrique, championnat et Coupe d'Algérie. Au moment même où le moral des troupes est quelque peu ébranlé. MOHAMED HAOUCHINE