Seizième au championnat d'Italie de football, battu à domicile par les trois premiers de série A — Palerme (0-2), l'Inter Milan (3-4) puis l'AS Rome (1-2) samedi lors de la 11e journée — l'AC Milan vit un début de saison cauchemardesque entre le scandale du Calcio, des joueurs cadres éreintés ou blessés et une attaque orpheline de la star Shevchenko. Impliqué dans la vaste affaire des matches truqués, l'AC Milan a été le club le moins sanctionné (8 pts de pénalité en début de saison) et a également été autorisé à disputer la Ligue des champions via le 3e tour préliminaire. Ce “cadeau” s'est révélé empoisonné. Si le démarrage fut excellent — qualification pour la 1re phase de la C1, 3 victoires pour entamer la série A — le fait qu'il ait été initié avec plusieurs semaines d'avance se paie aujourd'hui au prix fort (1 victoire, 3 nuls et 4 défaites depuis la 4e journée). Et les 8 points de pénalité, si vite rattrapés au début, pèsent lourd désormais (sans eux, le club serait 7e). La fatigue des cadres, Nesta, Pirlo, Gattuso, Gilardino, Inzaghi : individualités brillantes, les cinq champions du monde devaient porter l'équipe vers le haut. C'est tout le contraire qui se produit. Contraints de démarrer tôt la saison à cause de la C1, ils paraissent sans jus. La longue saison 2006 achevée le 9 juillet, même couronnée de succès, fait sentir ses effets. Nesta commet ainsi des erreurs inhabituelles au sein d'une défense vieillissante. Au milieu, le génial coup de patte de Pirlo, dont le jeu de Milan dépend tellement, se fait de plus en plus rare. Son compère Gattuso, dont la "grinta" est tout aussi indispensable, est lui au repos... forcé, blessé et absent jusqu'en janvier. Quant aux deux attaquants, Gilardino et Inzaghi, leurs statistiques sont éloquentes : 1 but chacun seulement en 11 matches de série A. Si le club compte dans ses rangs Kaka, un des meilleurs meneurs de jeu du monde, celui-ci ne peut pas tout faire tout seul. Parti à Chelsea, l'emblématique attaquant ukrainien a laissé un vide considérable. Alors que les tifosi rêvaient d'un grand nom comme Ronaldo pour remplacer le Ballon d'or 2004, le club a déniché le méconnu Oliveira à Séville. S'il n'est pas dépourvu de qualités, le Brésilien n'a pas 10% de l'efficacité et de l'influence de son prédécesseur. Dans une équipe qui doute, il est tout aussi inefficace que Gilardino et Inzaghi (1 but en championnat). Samedi, le président Silvio Berlusconi s'est laissé aller à une confidence : “Andreï (Shevchenko) m'a appelé. Cela lui plairait de revenir à Milan”. Info ou intox ? Avec plus de 15 points de retard sur le leader l'Inter, le club a fait une croix sur le titre. Seulement 16e, il doit désormais songer à regagner le milieu de tableau. En revanche, en Ligue des champions, l'AC Milan est bien parti (3 victoires et 1 nul). Avec un Kaka qui peut faire basculer un match d'un coup de génie, et à la condition que ses cadres trouvent le temps de récupérer, l'équipe lombarde peut rêver d'un destin à la Liverpool : en 2005, le club anglais, complètement "largué" dans son championnat, avait jeté toutes ses forces dans la C1, réalisant un parcours extraordinaire ponctué d'une finale victorieuse face... à l'AC Milan (3-3, 3 t.a.b. à 2).