Le courant du dirigeant chiite Moqtada Sadr a décidé de quitter le gouvernement irakien, dirigé par Nouri al-Maliki, face au refus de celui-ci de demander le retrait des troupes américaines d'Irak. Avant de claquer la porte, Moqtada Sadr a fait marcher des millions de chiites à Bagdad et dans les multiples fiefs chiites. Adversaire résolu de l'occupation américaine parmi les chiites, Moqtada Sadr, dont le mouvement occupe, jusqu'ici, six ministères au gouvernement d'union nationale, a annoncé qu'il ne désertera pas le Parlement où il dispose de 32 députés sur 275. Maliki, chiite également et d'un courant important, en tournée en Asie, avait affirmé que son gouvernement ne voyait pas l'utilité d'un calendrier de retrait américain, car celui-ci travaille aussi vite que possible pour rétablir la sécurité dont dépend le départ des forces multinationales. En fait, Maliki ne dit pas moins que ce que dit l'administration américaine : c'est le terrain qui fixe le calendrier ! Le départ du gouvernement du mouvement de Sadr, qui bénéficie d'un large soutien chez les chiites de Bagdad et les classes défavorisées des villes du Sud, va certainement créer un nouveau bras de fer au sein de la majorité chiite. Fin 2006, les élus sadristes avaient déjà suspendu leur participation au gouvernement pour protester contre une rencontre entre Maliki et le président américain Bush en Jordanie. Tandis que le conflit interchiite se dessine, Amnesty international a appelé l'Europe et les Etats-Unis à prendre des mesures urgentes et concrètes pour aider plus de 3 millions de personnes déplacées par le conflit en Irak, en affirmant que le Proche-Orient était au bord de la crise humanitaire. Un million et demi d'Irakiens sont déplacés dans leur propre pays et deux millions ont trouvé refuge en Syrie et en Jordanie, deux pays qui ne peuvent continuer à faire face à l'afflux continu d'Irakiens cherchant désespérément à échapper à la guerre et aux attentats kamikazes. Amnesty estime que les pays de la force d'intervention internationale ainsi que les responsables politiques et religieux de Bagdad doivent redoubler d'efforts pour trouver une solution politique mettant fin à la violence. D. B.