Présenté comme le parfait commis de l'Etat, le SG du RND sera-t-il l'homme de la situation ? A quelques semaines des élections législatives du 30 mai 2002, des mutineries éclatent dans les prisons. Alors, ministre de la Justice, Ahmed Ouyahia, est mis dans une mauvaise posture. Chargé d'appliquer le programme de réforme de son secteur, préconisé par la commission Issad, il est rattrapé par une gestion hasardeuse et approximative. Le soulèvement des prisons fait de lui un mauvais ministre. Insensible aux critiques, il refuse pourtant de démissionner de son poste. Il ne le quittera qu'à l'issue d'un remaniement ministériel qui fait de lui un superministre, sans véritables prérogatives. Ouyahia est nommé ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République. D'aucuns ont considéré une telle promotion comme un piètre présent. La présidence, pour l'ex-garde des Sceaux, s'apparentait effectivement à une véritable voie de garage. La débâcle de son parti, le Rassemblement national démocratique (RND), aux législatives a consacré sa mise au placard. Manifestement, l'homme était devenu encombrant. Pour qui ? En l'accueillant dans son palais, le président de la République ne le considérait pas pour autant comme un proche. On soupçonne ses services d'avoir alimenté la grogne dans les pénitenciers pour le discréditer et l'affaiblir. Pour cause, sur de nombreux points, et non des moindres, Ouyahia, le secrétaire général du RND, s'opposait au chef de l'Etat. Il l'agaçait. Contestant les velléités conciliatrices du Bouteflika, il s'est montré farouchement opposé au projet de la grâce amnistiante. En revanche, Ouyahia n'a cessé d'appeler à l'intensification de la lutte contre le terrorisme. Il en avait fait son principal thème de campagne durant les dernières élections législatives et locales. Autre thème récurrent dans son discours anti-bouteflikiste, le dossier du foncier. Militant pour la privatisation des terres agricoles, Ouyahia s'est placé, encore une fois, en porte-à-faux avec la politique de mise en concession défendue par le président de la République et le Front de libération nationale. A l'instar de l'UGTA, le patron du RND s'est prononcé contre l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures. A chacune de ses sorties médiatiques, il n'avait, par ailleurs, jamais omis de critiquer le blocage des réformes contenues dans le programme présidentiel. Maintenant qu'il est Premier ministre, Ouyahia va-t-il appliquer ce programme dont il conteste les grandes lignes ? Présenté comme le parfait commis de l'Etat, le SG du RND, pourrait facilement mettre en veilleuse ses propres ambitions et servir d'autres. S. L.