Le ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire vient de présenter son plan marketing de l'environnement. En principe, la volonté ainsi exprimée de Rahmani est de vulgariser la préoccupation écologique par un programme de promotion du civisme vert. Louable initiative si, succédant à d'autres actions passées, celle-ci ne donnait pas l'impression que dans la démarche de la tutelle, il commence à y avoir plus de marketing que d'environnement. D'opérations comme “le train vert”, on retient plus le souvenir de l'évènement qu'on n'enregistre ses effets sur la qualité de nos espaces de vie. Pour en revenir à l'utilité potentielle de cette nouvelle opération, il serait étonnant, même par un effort de sensibilisation médiatique et pédagogique, qu'on puisse faire un citoyen écolo d'un individu qui trouve malin de frauder avec le fisc, naturel d'être verbalement vulgaire, d'approvisionner sa progéniture en pétards pour le Mouloud et parfois normal que de bons musulmans égorgent des infidèles. Le civisme est un tout. Pour l'école, par exemple, les “clubs verts”, c'est bien. Mais qui apprendrait les vertus écologiques à nos chérubins ? Des adultes qui jettent leurs sacs-poubelles par la fenêtre ? Ou ceux qui lâchent leurs gobelets de café sur les trottoirs ? Les enseignants sont des adultes ; donc… syllogisme. Des adultes autant que les imams que Rahmani va envoyer en Allemagne pour apprendre les éléments du développement durable pour revenir répandre la verte parole. Le registre de beaucoup d'imams est déjà pris. Comment concilier la politique de la terre brûlée des prêches incendiaires et la défense de la nature chez les futurs imams “grün” ? Avec le problème des bars encore ouverts, des femmes qui se déshabillent à la piscine, des évangélistes qu'il faut traquer, il ne resterait pas beaucoup de temps à consacrer aux coquetteries environnementales. La stratégie de l'action civique en matière d'environnement suppose que l'Etat a rempli sa part, préalable, du devoir d'aménagement et de salubrité des espaces. Ce qui n'est absolument pas le cas. Au commencement de la catastrophe environnementale, il y a le bulldozer et la bétonnière. Des “industries industrialisantes” qui ont sacrifié les meilleures et rares plaines du pays aux cités dortoirs qui ceinturent les grandes villes, ce sont les institutions qui abîment le paysage national et profanent son environnement. Qui nous dira ce qui justifie un passage d'autoroute dans le parc d'El-Kala, ce qui explique une centrale électrique et une usine de dessalement entre la baie d'Alger et le Jardin d'Essais ? Qui mesure les implications en termes d'aménagement urbain d'une mosquée de cent soixante mille places à l'entrée principale de la capitale ? La tutelle de l'Environnement ne semble pas disposer de l'autorité suffisante pour prémunir le territoire de l'agression que d'autres “priorités”, comme le logement, l'équipement et… le tourisme lui infligent. La loi et sa souveraineté, seules, peuvent préserver l'espace de l'arbitraire des différentes autorités qui font dans la facilité, la précipitation. Le civisme, pourrait-on le réhabiliter qu'il n'a pas la capacité de contrer un laisser-aller écologique d'Etat. M. H. [email protected]