Tous les Etats arabes sont condamnés, tôt ou tard, à initier des processus démocratiques. Printemps arabe ou pas, tous les Etats arabes vont bien finir par initier la démocratisation. A contre-cœur ou pas, le processus est une fatalité, car n'oublions pas que depuis l'amorce de ce qui est appelé «printemps», les pouvoirs arabes sont sur les écrans du monde entier. Il y a de grands risques à ce que les transitions qui ne sont pas le produit de transactions soient génératrices de violence. Des réformes sont engagées dans un contexte où les populations ne sont plus inhibées, à l'image de ce qui continue à se passer en Egypte. Les pays arabes qui vont mettre en œuvre des réformes pratiquement de façon unilatérale, réformes politiques et économiques, vont faire perdre leurs repères aux populations. Pratiquement, aussi bien l'administration, le pouvoir politique, les forces de sécurité que les magistrats n'ont pas l'habitude de suivre, de gérer un processus électoral dans une situation de pluralisme politique et de mise en confrontation des idéologies incompatibles entre elles et qui jouent le rôle de source permanente d'instabilité et forcément d'insécurité. Fatalement, lors d'une transition menée unilatéralement, en absence d'une transaction, c'est pratiquement une certitude que s'instaurent des zones de non-droit, avec toute facilité ouverte de la conjonction entre toutes les criminalités organisées, en particulier la corruption. La corruption prospérera alors car tout s'achète, y compris les consciences. La corruption prospère quand il n'y a pas un champ politique libre et ouvert pour permettre les dénonciations et mettre le doigt sur la plaie. La corruption prospère quand l'absence de l'Etat de droit renforce le sentiment d'impunité. Peut-il y avoir un libéralisme politique sans libéralisme économique ? Un libéralisme économique sans libéralisme politique ? Devrait-il exister les deux en même temps ?