Cent soixante-dix-sept millions d'euros, rien que ça, investis en Italie par les Qataris et le Paris Saint-Germain devient, en quatorze mois, une véritable curiosité pour les joueurs voisins transalpins. Notez que «depuis un an, neuf joueurs ont quitté la Serie A pour rejoindre le PSG. Il y a une certaine crainte quant au niveau de cette équipe mais aussi beaucoup de respect vis-à-vis du projet», fait remarquer Alessandro Grandesso, journaliste à la Gazzetta Dello Sport. Et de poursuivre dans son analyse que «les arrivées de Lavezzi, Thiago Silva et surtout de Zlatan Ibrahimovic permettent au club de la capitale française d'entrer dans la nouvelle dimension tant recherchée par Leonardo». Il faut s'arrêter un moment pour trouver le meilleur commentaire ou la meilleure analyse qui puisse démontrer que, réellement, le PSG impressionne l'Italie et emmène tout le football français dans son sillage. «Jusqu'à présent, la Ligue 1 était un championnat mineur. L'an dernier, il a gagné en popularité et ce sera encore le cas cette saison», poursuit Leonardo, le directeur sportif brésilien du PSG. Prenant, une fois de plus, le temps de décortiquer ce qui est écrit par les médias spécialisés à propos de la venue de Ibrahimovic chez leurs amis français. On y collera aux autres avis d'experts, ceux livrés par des profs du sport sur les chaînes Télé. Tous ou presque dénoncent le coût qu'ils trouvent exorbitant. Une belle opération qui n'a rien à voir avec un soupçon de marketing mais plutôt de provocation, estiment certains analystes. «Le transfert de Zlatan Ibrahimovic a pris une dimension surréaliste non seulement en France mais un peu partout en Europe», écrit une certaine presse. D'autres soulignent le fait que «tous les médias, français ou italiens, ont suivi en direct les transactions et les négociations entre Mino Raiola (l'agent du Suédois) et les dirigeants parisiens. Pour Alessandro Grandesso, cette effervescence s'explique par le statut du buteur de l'AC Milan». «Ibrahimovic était la dernière star présente en Serie A. Son départ est quelque chose d'important. Il reste encore Robinho, Marchisio ou Sneijder mais ce ne sont pas des joueurs du même calibre que Zlatan.» Entre Ibrahimovic et Verratti, «le PSG a pénétré deux marchés jusqu'ici inatteignables : le top mondial et l'espoir national. Et forcément, avec ces transferts, l'inquiétude grandit chaque jour un peu plus de l'autre côté des Alpes.» D'ailleurs, lors de la conférence de presse de Marco Verratti, des journalistes italiens ont voulu comprendre le choix du milieu de terrain de 19 ans de quitter Pescara pour l'étranger. «On fait davantage confiance aux jeunes ailleurs qu'en Italie. Les clubs pourraient peut-être gérer différemment la formation», concédait alors l'espoir italien. Le PSG l'a bien compris et a soufflé au nez et à la barbe de la Juventus de Turin, l'étoile montante transalpine. Simple question d'opportunité selon Leonardo, qui refuse d'associer le recrutement à une simple connivence avec l'Italie. «Ce n'est pas une question de shopping, c'est une question de marché. Il n'y a pas de choix spécifique suivant la nationalité d'un joueur.» Marché ou pas, le Paris-Saint-Germain devrait désormais s'attaquer à d'autres territoires. Après cette razzia, l'Italie pleure ses talents ? Ce n'est qu'une question de temps, estiment ceux qui parlent de main basse du Qatari sur tout ce qui touche au football en attendant de pénétrer l'autre phase du sport en général. Mais ailleurs, d'autres indiquent que le sport français risquerait à cette allure de basculer à petit pas vers un contrôle des Qataris. Le PSG va-t-il régner sur un championnat dévalorisé par l'absence de concurrence ? C'est la question posée par le journal l'Equipe à l'économiste du sport Vincent Chaudel (Kurt Salmon). Voilà sa réponse : «Paradoxalement, cette suprématie du PSG dont certains voudraient se protéger, la Ligue 1 l'a déjà connue avec les sept titres consécutifs de Lyon... On a vu aussi l'an dernier avec Montpellier que l'argent ne faisait pas tout. De même, Dortmund a gagné deux fois de suite la Bundesliga avec un budget trois fois moindre que celui du Bayern. En France, il n'y a pas un tel écart entre le PSG et le trio OL-OM-LOSC. Paris dominera peut-être, mais un peu comme au Portugal, où le leader Porto est challengé par des concurrents de haute tenue que sont Benfica et le Sporting. Le PSG va rester largement déficitaire cette année, mais moins que l'an dernier grâce à de nouvelles recettes. La Ligue des champions lui rapportera au moins 20 millions d'euros et sa part des droits TV en Ligue 1 va encore augmenter. Les recrues vont aussi doper son merchandising, notamment à l'international où la "marque" Paris et le logo à la tour Eiffel ont un vrai potentiel. Et il y a encore fort à parier que le PSG sera à terme le premier club français à enfin valoriser son sponsoring maillot à plus de 10 millions d'euros par an.»