Admettons qu'il y ait la main de l'étranger dans les violences politiques qui ont cours dans les pays arabes. Nous devons quand même reconnaître que les facteurs incitatifs à de telles violences existent bien dans ces pays et ne sont pas étrangers. Dans un monde où les alternances sont devenues des exigences, les présidences à vie sont des facteurs de vulnérabilité des sécurités nationales. Tous les Etats arabes sont condamnés, tôt ou tard, à initier des processus démocratiques. Printemps arabe ou pas, tous les Etats arabes vont bien finir par initier la démocratisation. A contre-cœur ou pas, le processus est une fatalité, car n'oublions pas que depuis l'amorce de ce qui est appelé «printemps», les pouvoirs arabes sont sur les écrans du monde entier. Il y a de grands risques que les transitions qui ne sont pas le produit de transactions soient génératrices de violence. Des réformes sont engagées dans un contexte où les populations ne sont plus inhibées, à l'image de ce qui continue à se passer en Egypte. Les pays arabes qui vont mettre en œuvre des réformes pratiquement de façon unilatérale, réformes politiques et économiques, vont faire perdre leurs repères aux populations. Aussi bien l'administration, le pouvoir politique, les forces de sécurité que les magistrats n'ont pas l'habitude de suivre et de gérer un processus électoral dans une situation de pluralisme politique et de mise en confrontation des idéologies incompatibles entre elles et qui jouent le rôle de source permanente d'instabilité et forcément d'insécurité. Fatalement, lors d'une transition menée unilatéralement, en absence d'une transaction, c'est pratiquement une certitude que s'instaurent des zones de non-droit, avec une facilité ouverte à la conjonction entre toutes les criminalités organisées, en particulier la corruption.