«Dans le secteur du tourisme, la relance s'impose. Mais cela doit être une relance dans le sens des investissements», ont estimé des opérateurs économiques versés dans le tourisme, l'hôtellerie, la restauration et les agences de voyage. Ils étaient en appel ce dernier jeudi à Annaba à l'invitation du ministère du Tourisme et de l'Artisanat. Saisissant l'opportunité que représentait la célébration de la Journée mondiale du tourisme le 27 septembre, cette institution a organisé dans cette wilaya, la Journée de sensibilisation et de vulgarisation sur le thème «le logement du touriste chez l'habitant». Si publiquement les intervenants ont précisé leur compréhension de cet aspect de l'hébergement des touristes, dans les coulisses les déclarations ont été plus étoffées. «Il faut investir» est le leitmotiv exprimé sur le mode incantatoire des uns et des autres opérateurs économiques. Ils étaient venus de plusieurs wilayas du pays notamment de Annaba, El-Tarf, Souk-Ahras,Tébessa-Guelma, Skikda et Jijel. Dans le lot, il y avait également les présidents des Assemblées populaires de wilaya et ceux des communes de plusieurs régions du pays ainsi que les directeurs de la santé et de la population, les représentants de la Protection civile. Tous avaient quelque chose à dire sur la relance du tourisme ou l'hébergement des touristes. Pour les écouter et aussi pour expliciter sa vision du thème de la journée, le ministère de Tourisme a dépêché un de ses proches collaborateurs. En aparté, des hommes d'affaires présents ont parlé des lourdeurs bureaucratiques et l'absence d'une volonté politique pour une véritable dynamique de relance des activités du secteur. Ce sont là les principales préoccupations avancées. «Nous avons les moyens d'investir tant dans le monde de l'hôtellerie que dans d'autres domaines pour attirer les touristes dans notre pays. Cependant, toute initiative se retrouve bloquée par une disposition de loi ou circulaire que l'on sort comme par magie alors qu'elle n'est plus adaptée à la réalité du terrain. Nous ne demandons pas des subventions mais des facilités pour acquérir des terrains pour des constructions exclusivement destinées à l'hôtellerie, structure touristique ou pour des initiatives à prendre hors de notre pays pour assurer une plus grande publicité autour du tourisme algérien», a affirmé un des opérateurs économiques de Annaba. A l'exception de quelques réalisations d'hôtels grand standing au Centre et à l'Ouest, les chiffres concernant les investissements dans le secteur du tourisme restent très en deçà de ceux attendus. Immense avec un important potentiel touristique où se mêlent sites paradisiaques, histoire et civilisations, le tourisme algérien en a bien besoin. Le verdict des chiffres de ces 3 dernières années est malheureusement bien moins enthousiasmant que ne laisse entendre le discours politique de rigueur. Les améliorations de la situation sécuritaire au plan national et au plan régional n'ont pas été exploitées comme il se doit pour attirer le maximum de voyagistes européens et asiatiques. De leur côté, les experts en tourisme estiment que l'investissement serait la panacée aux maux qui caractérisent le secteur. «Nul doute que la relance de l'investissement permettrait d'améliorer la compétitivité du tourisme national sur les marchés mondiaux et de créer des emplois. Il faut chercher les facteurs de blocage pour les supprimer et permettre aux opérateurs économiques de se lancer dans la réalisation de nouvelles structures touristiques et pas seulement hôtelières», expliquent H. Abdelwaheb, un des acteurs du secteur hôtelier de Annaba. Un autre opérateur de la wilaya de Jijel n'a pas manqué d'aborder la question des trois grands projets touristiques dont un village touristique à Sidi Salem que les Saoudiens devaient réaliser en 2008 à Annaba avec à la clé, la création de 20 000 postes de travail. «Des opérateurs économiques algériens de Jijel se sont intéressés au dossier au lendemain de la confirmation par la wilaya de Annaba de l'abandon de ces projets par les initiateurs saoudiens. Ils ont effectué des démarches pour disposer des terrains dont celui du 19 juin pour se lancer dans la construction de grands complexes touristiques et de loisirs. Ils attendent toujours tout autant que beaucoup d'autres dont des investisseurs étrangers», a révélé M. Abdelmoumen, un technicien spécialisé dans le domaine du tourisme. C'est dire qu'à cette Journée de sensibilisation et de vulgarisation, les participants ne se sont pas limités au thème du jour «le logement du touriste par l'habitant» que chapeaute le logo de la manifestation «Tourisme et énergie durable». Il faut croire qu'à travers cette démarche, le ministère veut imposer un changement de méthode à même de permettre une relance effective du secteur. En ce qui concerne le logement du touriste étranger par l'habitant, les intervenants dont Naamani Abdelhak, le directeur de la réglementation et des affaires juridiques, au ministère du Tourisme et de l'Artisanat, s'y sont longuement attardés, notamment sur les dispositions de l'article 29 de la loi 08-11 du 25 juin 2008 régissant les conditions d'hébergement chez l'habitant de personnes étrangères en Algérie.