«Argo» a remporté dimanche l'Oscar du meilleur film, décerné par la Première dame Michelle Obama, lors d'une soirée marquée par le troisième sacre du Britannique Daniel Day-Lewis et le couronnement de «Amour» pour le film étranger. Le grand perdant de la soirée est sans conteste Steven Spielberg snobé dans la catégorie de meilleur réalisateur, tandis que la Française Emmanuelle Riva, qui fêtait ses 86 ans à Hollywood, n'a pas pu s'imposer dans la catégorie de meilleure actrice, remportée par Jennifer Lawrence pour «Happiness Therapy». Aucun film ne s'est détaché du lot, même si «L'odyssée de Pi» peut revendiquer le plus grand nombre de trophées : réalisation pour Ang Lee, photographie, effets spéciaux et musique. Grande première, la victoire d'«Argo» a été annoncée en direct de la Maison Blanche par la Première dame Michelle Obama, qui s'est exclamée, après avoir ouvert l'enveloppe dorée : «bon choix !». Le film n'a remporté que deux autres statuettes, le scénario adapté et le montage. «Ouahou !», a lancé à Ben Affleck visiblement ému, et qui ne concourait -- fait rare, là encore -- ni pour la réalisation ni pour l'interprétation du film, où il tient le rôle principal. Sans surprise, Daniel Day-Lewis a été récompensé pour son incarnation du 16e président des Etats-Unis dans «Lincoln» -- également lauréat des décors --, devenant le premier comédien de l'histoire des Oscars à remporter trois statuettes pour un rôle principal. L'acteur britannique, âgé de 55 ans et réputé austère, s'est fendu d'une petite blague à l'égard de Meryl Streep, qui lui a remis son trophée. «Il y trois ans, nous avons décidé d'échanger (les rôles) car je m'étais engagé à jouer Margaret Thatcher» dans «La dame de fer», qui a valu un Oscar à Meryl Streep l'an dernier. «Meryl était le premier choix de Steven (Spielberg) pour Lincoln», a-t-il ajouté devant une salle hilare. L'Oscar de la meilleure actrice est allé à la jeune Jennifer Lawrence, 22 ans pour son rôle de veuve instable dans «Happiness Therapy». Devant une salle debout – comme pour Daniel Day-Lewis – et visiblement surprise, elle a souhaité «bon anniversaire à Emmanuelle» Riva, sa concurrente d'un soir. Ang Lee est pour sa part, reparti avec le trophée du meilleur réalisateur, le deuxième de sa carrière après «Le secret de Brokeback mountain» en 2005. «Merci beaucoup pour cet honneur» Comme attendu, «Amour», le film en français de Michael Haneke, qui concourait pour l'Autriche, a été sacré meilleur film étranger. «Merci beaucoup pour cet honneur», a-t-il dit en anglais, avant de remercier son équipe. «Je remercie aussi mes deux acteurs, car sans eux je ne serais pas ici», a-t-il ajouté à l'adresse de Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva. Anne Hathaway a pour sa part remporté la statuette du second rôle féminin pour sa Fantine de la comédie musicale «Les Misérables». «C'est devenu réalité», a-t-elle chuchoté en regardant son trophée, très émue. «Les Misérables» ont également remporté les trophées techniques de meilleur maquillage et son, tandis que le dernier James Bond «Skyfall» est reparti avec le meilleur son (ex-aequo) et chanson originale pour la britannique Adele. Le premier trophée de la soirée, pour le second rôle masculin, avait été remporté par Christoph Waltz pour son rôle de chasseur de primes dans «Django Unchained», qui a adressé sa «gratitude illimitée» au réalisateur Quentin Tarantino, «créateur de ce monde incroyablement inspirant». Le cinéaste a pour sa part, gagné l'Oscar du scénario original -- le deuxième de sa carrière après «Pulp Fiction». Quant à l'Oscar du meilleur long métrage d'animation, il est allé à «Rebelle» des studios Pixar (Disney), dont le réalisateur Mark Andrews est venu recevoir son trophée en kilt, en écho au thème écossais de son film. «Sugarman», un film sur un chanteur de folk américain sorti de l'anonymat sur le tard, a remporté l'Oscar du meilleur long métrage documentaire. Signé par Malik Bendjelloul, «Sugarman» revient sur le destin exceptionnel de Sixto Rodriguez, un chanteur américain d'origine mexicaine né à Detroit, qui sortit deux albums dans le plus grand anonymat au début des années 1970. Enfin, le Français Alexandre Desplat s'est incliné -- pour la cinquième fois -- pour la musique originale, remportée par Mychael Danna (L'odyssée de Pi). Le présentateur de la soirée, l'acteur et réalisateur de «Ted» Seth MacFarlane, a ouvert la cérémonie avec une séries de blagues, avant d'être interrompu par William Shatner, le commandant du vaisseau spatial dans la série «Star Trek», qui lui a donné, depuis le futur, quelques conseils pour ne pas être «le pire présentateur des Oscars». Comme promis, la soirée fait une grande place à la musique, avec notamment deux numéros consacrés aux comédies musicales «Chicago» et «Les Misérables», tandis qu'un hommage aux 50 ans de James Bond au cinéma s'est achevé avec Dame Shirly Bassey venue chanter le titre mythique «Goldfinger». A 76 ans, la chanteuse a prouvé en direct qu'elle avait encore une voix capable d'électriser le public -- qui lui a réservé une ovation debout. Seth MacFarlane a continué à saupoudrer la soirée de ses blagues, notamment en conviant l'ours politiquement incorrect Ted, héros de son film, qui a demandé à son compère Mark Whalberg, «où aurait lieu l'orgie après la soirée». Après quelques réticences, Mark Whalberg a lâché : «Chez Jack Nicholson».