Si on devait comparer la longévité des ministres à la tête du même département, celui de la Santé apparaîtrait comme l'un des plus furtifs, il y a, certes, des ministères où ça tourne plus vite. En d'autres termes, ce n'est pas dans ce secteur qu'un ministre peut espérer durer. En général, il a juste le temps, en arrivant, de constater que dans la boîte à pharmacie, il manque quelques médicaments essentiels, puis à peine a-t-il esquissé un programme pour y remédier, il est remplacé. Le suivant déboule comme s'il était le premier à gérer le secteur et ça recommence. C'est l'impression que donne Abdelmalek Boudiaf, l'ancien wali d'Oran qui a été nommé ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière à l'occasion du dernier remaniement du gouvernement. Il faut reconnaître qu'il a été plus rapide que ses prédécesseurs. Moins de deux semaines après avoir occupé son poste et après quelques visites - dont certaines étaient inopinées - d'hôpitaux, il a déjà un plan d'action immédiat pour redresser le secteur de la santé et aboutir à l'amélioration de la prise en charge du malade. Habitués aux horizons qui portent sur la décennie suivante, voire les vingt années à venir et parfois plus, les observateurs ont sans doute été surpris par les échéances rapprochées comme le suggère le qualificatif «immédiat» accolé au plan de redressement annoncé par le ministre. Des équipements nouveaux seront acquis et le personnel paramédical recyclé pour mettre à niveau les établissements de soins. Il n'y aura plus de problème sans solution, a martelé Abdelmalek Boudiaf qui a promis le soutien de l'administration centrale aux efforts engagés par les établissements de santé pour améliorer leur situation. A chacune de leurs sorties sur le terrain, les ministres donnent des instructions fermes et celui de la Santé ne déroge pas à la règle. Mais ses ordres ont trait à des choses si simples, qu'on n'en croit pas ses yeux quand on les lit : la continuité des soins, la présence effective du personnel et la qualité de l'accueil des citoyens.