L'avant-dernière soirée du Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes s'est caractérisé, samedi soir, par le passage de trois pays, en l'occurrence l'Allemagne, le Liban et la Tunisie. L'Allemagne a étrenné la soirée par le passage sur scène du musicien Michael Ferumuth. Seul sur scène avec pour seul instrument un luth à deux manches, l'artiste a enivré l'assistance de délicieux morceaux, exhumés du terroir arabo-andalou et universel. Avec un doigté remarquable, il gratte les différentes cordes de sa guitare. Concentré à l'extrême, il prend le soin de s'adresser au public après chaque composition. Cet artiste a étudié la théorie et la méthodologie de l'enseignement des instruments de musique à la Folkwang Hochschule. Il se passionne pour le luth, remettant en question tout son acquis musical au seul profit de son amour pour cet ainstrument, il s'inscrit au collège de musique de Cologne pour étudier avec Konard Junhânel, l'un des luthistes les plus distingués. Le deuxième à passer sur scène est le trio libanais Bassem Riz. Prenant place dans un espace réduit en forme de ronde, les musiciens chauffent un laps de temps leurs instruments, représentés, à travers le luth, les percussions et le tâar. Dans une complicité évidente, les artistes répondront à des répliques instrumentales pour ensuite jouer à l'unisson. Un moment de pur bonheur est offert quand les instruments se laissent entendre à tour de rôle. Leur répertoire est des plus spirituels. Le leader du groupe, à savoir Bassem Ri, est une virtuosité à jouer du oud, du synthétiseur, et du tal. C'est un véritable phénomène musical À quinze ans, poussé par sa curiosité d'en apprendre plus sur l'oud, il est introduit à la méthode de l'école irakienne par l'entremise du célèbre musicien Munir Bachir. Ce grand maître de la musique éveille en lui la passion d'entreprendre des études approfondies afin de maîtriser la méthode et la complexité du Oud, dont l'origine remonte à plus de 4 000 ans. À vingt ans, Bassem s'inscrit au Conservatoire national de Beyrouth. Au long de son cheminement, il approfondit sa culture musicale à travers les théories et études de la musique orientale. Il participe et remporte le 3e prix au prestigieux concours international de la Ligue arabe de concert avec l'université du Saint-Esprit à Kaslik Usek au Liban. En 2004, il concrétise ses aspirations musicales en enregistrant un premier CD intitulé Echoes from a past. Toutes les compositions portent sa signature. En 2005, Bassem termine le développement d'une nouvelle méthode qui commence déjà à faire son chemin et est incidemment enseignée à l'école de musique Ghassan Yammine, EDMGY, au Liban.Aujourd'hui, Bassem se produit sur des scènes prestigieuses au Liban et dans divers pays d'Europe. Preuve en est avec son passage en Algérie. Le troisième et dernier pays à passer sur scène est l'ensemble de Malouf Maghrébin de Sousse. Riche de douze musiciens dont une femme, l'ensemble a interprété la nouba Malouf « Dhil », à la manière tunisienne. Les modes sont au départ lents pour atteindra par la suite une ampleur admirable. Le public est en admiration face à cette interprétation magistrale. Des youyous et des tapotements des mains fusent de partout. La seule voix qui sera donnée à écouter en solo, est celle du jeune Ralem Aoun, lequel a interprété deux chansons du patrimoine tunisien. Le chef d'orchestre Fethi Bousnina nous a confié juste avant le concert que la nouba de Constantine de celle de la Tunisie. Les textes sont chantés différemment. C'est normal. Le Malouf chez nous est un genre collectif. Toutes les voix sont importantes ».