Lorsqu'il y a une pénurie de n'importe quel produit, tous les médias lourds et autres accessoires se mettent à la manchette des unes en caractères gras. D'aucun ne tentent de faire une analyse cohérente sur les faits et les effets. Tous se mettent à revendiquer le produit. Certains à la solde de lobbies défendent directement ou indirectement les intérêts de ces derniers. Ces derniers temps, les producteurs de pommes de terre d'Oued Souf ont accusé énormément de pertes. Pour certains, ce fut la faillite. Les tubercules qu'ils ont développés n'ont pas trouvé preneur. Même à des prix très bas, en deçà du prix de revient. Au détail, la patate a été cédée à moins de 15 DA le kilogramme. La production a dépassé toutes les prévisions. Le Syrpalac a été mis à rude épreuve par une certaine note qui à peine voilée le remettait en cause. Par contre, le communiqué de l'APS présente le sujet tout autrement avec uniquement ce qui a été déclaré par le représentant du ministère, sans prendre contact avec les producteurs. Le représentant du ministère de l'Agriculture, le Dr Cherif Omari, aurait déclaré à l'AP ce qui suit : «Réuni il y a une dizaine de jours, un Conseil interministériel a arrêté des mesures urgentes et d'autres à long terme visant à sécuriser les agriculteurs et à réunir les conditions favorables au lancement de la prochaine saison.» Pour mettre en confiance les producteurs d'abord et sauver coûte que coûte Frigomédit .«Ainsi, le gouvernement a dégagé une enveloppe de 1,3 milliard de dinars pour payer immédiatement les agriculteurs qui ont participé à l'opération de stockage de leur production de pomme de terre de saison (juin 2015), livrée à l'entreprise publique d'entrepôts frigorifiques Frigomedit qui devait, à l'origine, assurer ce payement. En effet, 149 producteurs ont livré leur production à Frigomedit, chargée de constituer des stocks de sécurité, qui devait les payer à raison de 27 DA/kg (prix de référence). Mais cette entreprise, qui a absorbé un excédent important de l'ordre de 123.000 tonnes de pomme de terre de saison, n'a pas pu payer les agriculteurs-fournisseurs du fait qu'elle n'a écoulé qu'une partie de ce stock et, de surcroît, à un prix moins cher que le prix d'achat.» Ne devons-nous pas poser la question : si mauvaise gestion il y a, pourquoi pénaliser les agriculteurs ? Ne faudrait-il pas se poser la question qui est-ce qui produit ? Nous avons pris la précaution de contacter le président du comité national interprofessionnel de la filière pomme de terre, Bachir Serraoui. Sa réponse est nette et sans détour : «Voilà ce que j'ai dit aux interlocuteurs de la profession lors de la réunion à laquelle nous avions été enfin conviés : les producteurs de pomme de terre n'ont pas besoin de soutien sous forme d'aumône. Nous n'avons pas besoin de soutien sous n'importe qu'elle forme. Le ministère doit appliquer le programme du président de la République. Si non, ils n'ont qu'à déclarer ne pas l'appliquer. Cette aide qu'ils veulent apporter ils doivent la mettre à profit du programme du Président.» Une autre question fondamentale s'impose : Pourquoi alors l'Etat n'oblige pas les patatiers et autres professionnels et surtout les organismes d'Etat, qui sont les bénéficiaires de soutiens, à souscrire une assurance? A moins qu'il y ait d'autres intentions. Ce qui doit être retenu de positif, c'est cette décision de stocker 40.000 tonnes de pommes de terre et de ne pas laisser tomber les maraîchers. L'autre décision de taille est aussi de venir en aide aux multiplicateurs de semences et d'accompagner les exportateurs du tubercule.