La démocratie ? Il y a ceux qui s'engagent à garder le pouvoir, il y a ceux qui s'engagent à accéder au pouvoir, et il y a ceux qui exigent pacifiquement la fin d'un système politique qui n'a pas réussi à atteindre tous les objectifs poursuivis depuis 52 années de cela. Chacun de ces trois ensembles s'est engagé soit pour des enjeux de pouvoir, soit pour des enjeux de rupture avec le système. De toute façon, le système n'est pas représenté seulement par ceux qui ont fait les maquis. Ceux qui veulent garder le pouvoir ne tiendront jamais à le laisser filer entre les doigts. D'ailleurs, ils n'acceptent que les élections qu'ils ont gagnées. Les autres n'accepteront pas qu'il y ait la fraude qui leur volerait leurs voix. Quant aux autres, les boycotteurs, leur nombre augmente progressivement mais lentement. Fatalement, la légitimité historique est arrivée à sa fin. Elle lui sera substituée une autre légitimité. De quelle nature sera cette transition ? Aucune certitude pour le moment sur la phase de transition. Il y en a qui disent que nous n'allons pas entrer dans une phase de transition et, pourtant, il s'agit bien d'une transition puisque la fin de la légitimité historique sera une réalité. Pas les mêmes repères. D'abord pour le pouvoir, c'est le désastre stratégique. Le désastre provient de l'intérieur du pouvoir. Celui-ci a toujours investi dans l'homme, l'un des siens au détriment de l'institution. Les hommes fidèles sont eux-mêmes des institutions, surtout quand ils en sont à la tête de celles-ci. C'est ça la nature du système. Ou plutôt, c'était celle-là avant le limogeage (ou départ) des généraux. Comment aborder la future élection présidentielle ? On dit que le système (ou le Président, ou alors le camp dit présidentiel) va s'accrocher pour sauver l'équipe quitte à sacrifier le pays, ou plutôt le peuple. On dit la même chose de l'opposition. Lors des émeutes de la période dite des aarchs, compte tenu de la mauvaise gestion de la situation née de l'assassinat ou de l'homicide involontaire (une version pour chacun des deux camps) du jeune Massinissa, le système a préféré garder en poste son ministre de l'Intérieur plutôt que de donner une chance aux jeunes de rentrer chez eux en disant que le pouvoir a pris ses responsabilités. Puis, au moment où le nombre de victimes commençait à augmenter dangereusement, le système n'a pas fait démissionner un responsable du corps de sécurité à un niveau quelconque de la hiérarchie. Ça ne se serait pas passé ainsi si le pays était une démocratie. Dans une démocratie, lorsqu'il faudrait engager des forces de sécurité pour réprimer une émeute ou disperser des foules, le plus petit des gradés est intégré dans la boucle décisionnelle et fait partager le risque pénal à son responsable de plus haut niveau. Il n'y a pas que le simple agent qui paie. Tout le monde est responsable, tout le monde est coupable.