L'OPEP est en phase de redorer son blason de cartel capable de défendre efficacement les intérêts des pays exportateurs de pétrole après l'accord historique conclu à Alger en septembre dernier, incluant notamment les pays non membres de l'OPEP et à leur tête la Russie. Le retour de l'Indonésie et du Gabon expliquerait peut-être selon l'auteur de l'analyse de l'économiste en énergie Emmanuel Hache que l'OPEP pourrait avoir une plus stature pour peser sur les prix d'un marché pétrolier restant globalement sous contrôle des pays consommateurs. Selon M. Hache : «L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est un acteur «central» du marché pétrolier, indiquant que l'organisation est en phase de devenir une «Agence internationale de l'énergie des pays du Sud». C'est ce qui apparaît dans une analyse parue dans la Revue internationale et stratégique que publie l'Agence algérienne de presse. «Avec 71,5% des réserves mondiales et une part de marché dans la production mondiale estimée à 41%, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) développe ce professeur et directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques, basé à Paris, dans une analyse parue dans la Revue internationale et stratégique. Intitulé «L'OPEP peut-elle survivre dans un monde d'abondance pétrolière ?». Cet expert a estimé que même si cette organisation souffre depuis sa création de l'absence de mécanisme de compensation interne et d'incitations à respecter les quotas, elle «a pourtant encore surpris les marchés en annonçant une diminution de 2 % de sa production et en cherchant parmi les producteurs non-OPEP, Russie en tête, un nouvel axe de coopération». L'analyse, parue dans le cadre d'un dossier «Energie : transitions et recompositions», a souligné dans ce contexte que l'organisation, historiquement «a toujours su s'accommoder des relations conflictuelles entre ses membres», rappelant que le paroxysme ayant été atteint lors de la guerre irano-irakienne (1980-1988), période durant laquelle les deux belligérants siégeaient à la même table au sein de l'OPEP. «Plus intéressant est le pouvoir d'attraction de l'organisation plus de cinquante ans après sa mise en place : le retour de l'Indonésie et du Gabon témoigne à la fois de son dynamisme, mais également de son incapacité à stabiliser les prix», a noté Emmanuel Hache, précisant que ces retours présentent pour l'OPEP «un pari économique sur l'avenir énergétique de certaines régions». «Derrière ces retours se cache peut-être également une évolution plus structurelle», a-t-il tenté d'expliquer, précisant que «plus qu'une organisation de pays exportateurs, et après avoir perdu progressivement la capacité à fixer le prix du pétrole dans les année 1980, l'OPEP risque à terme de ressembler de plus en plus à un grand forum international du pétrole, une ‘Agence internationale de l'énergie des pays du Sud en quelque sorte'». Pour l'auteur de cette analyse, cette transformation «prendrait tout son sens à l'heure où certains de ses membres (à) ont lancé de profondes transformations de leurs modèles énergétiques en misant sur les énergies renouvelables ou sur une diversification structurelle de leurs activités», conclut l'économiste. En ces temps d'incertitude caractérisant une croissance mondiale fragilisée par l'arrivée à la Maison-Blanche de Trump, qui compte bien remettre en cause plusieurs conventions internationales, l'OPEP avec de nouvelles adhésions de pays exportateurs d'or noir, constituerait une force non négligeable pour assurer les équilibres nécessaires, entre les intérêts des fournisseurs et des consommateurs des énergies fossiles.